Carla Adra


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ActualitésGalerie Valeria Cetraro

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FR

Carla Adra est une artiste et performeuse française et canadienne née à Toronto en 1993. Elle est représentée par la Galerie Valeria Cetraro à Paris. Elle a étudié à l’École nationale d'art et de design de Reims, à l’Ontario College of Art and Design de Toronto et a intégré le post-diplôme de l’École Nationale des Beaux-Arts de Lyon entre 2018 et 2020.

Les récits de soi et l’expérience de la réciprocité sont au cœur de la pratique de Carla Adra. À travers des expériences performatives collectives, elle organise des moments de rencontres, dans lesquels elle laisse sa voix à l’autre et tente de rendre audible une parole souvent disqualifiée dans la sphère domestique, urbaine ou institutionnelle. Intéressée par la psychanalyse, l’anthropologie et les pédagogies alternatives, elle propose des espaces-temps de rencontre et de mise en commun : conversations, duels et ateliers participatifs s’organisent selon des protocoles précis. Dans l’espace public ou au sein de structures, elle collecte des paroles en échange d’une histoire vécue, elle propose de déplacer le point d’énonciation, d’endosser un récit personnel comme on se revêtit du vêtement de l’autre, faisant résonner des témoignages individuels avec des expériences partagées. Carla Adra développe parallèlement une pratique sculpturale intimiste qui met en dialogue discours intérieur et formes souterraines.

Son travail à récemment été exposé au Palais de Tokyo (Paris), au 66è Salon de Montrouge, au Marina Abramovic Institute (Amsterdam), à La Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec, au MACVAL, au CAPC de Bordeaux, à la 15è Biennale de Lyon, au FRAC Champagne-Ardenne, à la Cité Internationale des Arts de Paris, au Centre du Livre d’Artistes (St-Yrieix-la-Perche), à l’espace Niemeyer (Paris). Elle présente actuellement son exposition personnelle « Ça te colle à la peau » à l’espace d’exposition Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers. Lauréate du programme Magnetic organisé par Fluxus Art Projects, elle vient d’achever une résidence à Covepark (Écosse). Ses œuvres ont récemment été acquises par le Fonds d’art contemporain – Paris Collections. Son travail a été récompensé par le prix Prisme en 2017. Elle est représentée par la galerie Valeria Cetraro (Paris).

Carla Adra dirige également sa pratique vers la transmission à travers des résidences territoriales, workshops, ateliers avec différents publics, en collaborant avec différentes associations et institutions telle que : Art en Partage à Romainville, Les Ateliers Médicis, Orange Rouge, Frac Champagne-Ardenne à Reims, TIMMY – Soutien aux Mineurs Exilés à Paris.

EN

Carla Adra is a French and Canadian artist and performer born in Toronto in 1993. She studied at the École Nationale des Beaux-Arts de Lyon, the École Nationale d’Art et de Design de Reims and the Ontario College of Art and Design in Toronto. She is represented by the Gallery Valeria Cetraro in Paris.

Self-narratives and the experience of reciprocity are at the heart of Carla Adra’s practice. Through collective performative experiences, she organizes moments of encounters, in which she gives her voice to the other and tries to make audible a word often disqualified in the domestic, urban or institutional sphere. Interested in psychoanalysis, anthropology and alternative pedagogies, she proposes meeting and sharing spaces: conversations, duels and participative workshops are organized according to precise protocols. In the public space or within structures, she collects words in exchange for a lived history, she proposes to shift the point of enunciation, to take on a personal narrative as one puts on the clothing of the other, making individual testimonies resonate with shared experiences. In parallel, Carla Adra develops an intimate sculptural practice that places inner discourse and subterranean forms in dialogue.

Carla Adra also directs her practice towards transmission through workshops and meetings with different audiences, collaborating with different associations and institutions such as: TIMMY – Soutien aux Mineurs Exilés in Paris, Art en Partage in Romainville, Les Ateliers Médicis, Orange Rouge.

Her work has recently been exhibited at the Palais de Tokyo (Paris), the 66th Salon de Montrouge, the Marina Abramovic Institute (Amsterdam), La Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec, the MACVAL, the CAPC de Bordeaux, the 15th Biennale de Lyon, the FRAC Champagne-Ardenne, the Cité Internationale des Arts de Paris, the Centre du Livre d’Artistes (St-Yrieix-la-Perche), and the espace Niemeyer (Paris). She is currently presenting her solo exhibition « Ca te colle à la peau » at the exhibition space Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers and is in residence at Covepark (Scotland). Her work has recently been acquired by the Fonds d’art contemporain – Paris Collections.




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Galerie Valeria Cetraro
16 rue Caffarelli
75003 Paris

office@galerievaleriacetraro.com http://www.galerievaleriacetraro.com/artistes/carla-adra/

mail : carla.adra@hotmail.fr
instagram :@carlaadra

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Presse
Les Musées font leur profession de soi par Claire Moulène, publié dans Libération, 06/12/2022
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66e Salon de Montrouge, qui sont les nouveaux talents de l’art ? par Matthieu Jacquet, publié dans Numéro n°235, 25/10/22.
https://www.numero.com/fr/art/salon-de-montrouge-2022-corentin-darre-prune-phi-alison-flora
Abramovic in vrienden par Joke De Wolf, publié dans De Groene Amsterdammer, 28/10/2022.
https://www.groene.nl/artikel/abramovic-en-vrienden
Marina Abramovic leidt Carré in groepsmeditatie par Toef Jaeger, publié dans NRC, 26/10/2022.
https://www.nrc.nl/nieuws/2022/10/26/de-methode-marina-abramovic-is-aaibaar-geworden-a4146339
Marina Abramović in Carré is een uitputtingsslag voor performers en publiek par Rutger Pontzen, publié dans De Volksrant, 25/10/2022.
https://www.volkskrant.nl/privacy-wall/accept?redirectUri=%2Fcultuur-media%2Fmarina-abramovic-in-carre-is-een-uitputtingsslag-voor-performers-en-publiek%7Eb5347209%2F&authId=30717e53-f28f-4972-ad18-ff089e5c6bdc&referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2F&referer=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2F
Kunst als Widerspruch: Grundig-Preisverleihung und Vernissage am 10.11. in Berlin par Jannine Hamilton, publié dans Rosa Luxemburg Stiftung, 04/11/2022.
https://www.rosalux.de/pressemeldung/id/49475/kunst-als-widerspruch-grundig-preisverleihung-und-vernissage-am-1011-in-berlin
A Elliant, la 7e édition du festival Setu a trouvé son public publié dans Le Télégramme, 30/09/2022.
https://www.letelegramme.fr/finistere/elliant/a-elliant-la-7e-edition-du-festival-setu-a-trouve-son-public-30-08-2022-13167211.php
Le Club du Poisson Lune par Patrice Joly publié dans Revue Zerodeux, en Avril 2021.
https://www.zerodeux.fr/reviews/le-club-du-poisson-lune/
The Lyon Biennale Responds to the Post-Industrial Economy, Only to Get Lost in Post-Human Reveries par Terence Trouillot, dans artnet, 21/10/2020.
https://news.artnet.com/exhibitions/lyon-biennial-2019-1682167
Notre Top 3 de la Biennale d’art contemporain dans Lyon City Crunch, 24/10/2019.
https://lyon.citycrunch.fr/notre-top-5-de-la-biennale-dart-contemporain/2019/10/24/
A la 15e Biennale de Lyon, l’art d’une production locale par Ingrid Luquet-Gad, dans Les Inrockuptibles, 04/10/2019.
https://www.lesinrocks.com/2019/10/04/arts/arts/15e-biennale-de-lyon-lart-dune-production-locale/

Contributions



Hoot,numéro 8, automne 2022, édition Gufo, graphisme Traduttore, Traditore.
http://www.hootzine.com/


Nuuu* #1 par Nora Barbier, avec Gufo, sur radio *Duuu, émission diffusée en live le 30/11/2022 à l’occasion de la publication de la revue Hoot n°8.
Pour écouter le podcast :
https://duuuradio.fr/archive/nuuu-pour-duuu-1


Radio Nova au 66ème Salon de Montrouge, Nova Hors-série, émission du 17/10/2022.
Pour écouter le podcast :
https://www.nova.fr/news/radio-nova-au-66e-salon-de-montrouge-202668-17-10-2022/




Post it #2 Carla Adra, Post it édition, Anaëlle Rambaud, Chloé Godefroy, Leïla Couradin, 2020
https://www.instagram.com/p/CHcaQuBhNKI/




Ce qui ne tourne pas, tombe. , Édité par Firstlaid, 2020
http://firstlaid.fr




Objet art, Catalogue de l’exposition éponyme. Commissariat : Laurent Buffet. Saint-Yrieix-la-Perche : Le Centre des livres d’artistes, 2020.
https://cdla.info/2020/11/18/lobjet-art-2/




Les Écritures bougées - Une anthologie , Aziyadé Beaudoin Talec, édition MIX, 2018.
https://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=6788


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FR

Ça te colle à la peau, Raphaël Brunel, 2023.

Ça y est, ça te revient, par vagues lancinantes et imprévisibles, déposant leur écume sur le sol, les murs, le plafond. De ça, tu ne peux pas te défaire. Comme les parfums si prompts à raviver un visage, la fugacité d’une sensation ou d’un geste, la familiarité d’une situation. Comme le vacarme des sons, des voix, des chansons qui résonnent en silence. Comme les énergies, les idées, les volutes épaisses et blanches de souffle inarticulé qui flottent dans l’air et partent en fumée. Tu as une réputation mais tu es traversée par plusieurs vies et tissée de relations. Tu n’as jamais entendu parler de la stone tape theory, mais la perspective que les fantômes, les émotions et les blessures du passé peuvent être enregistrés dans la pierre comme sur une bande magnétique et rejoués selon certaines conditions, ne t’étonnerait probablement pas. Mais pour l’heure et de manière spéculative, tu apparais sous les traits d’un vestiaire déplacé dans un paysage rougeoyant. Tu as été endossée, incorporée, incarnée.

« Qui es-tu ? » est probablement la question à laquelle il est le plus difficile de répondre, car elle intime de se définir. « Intime »… la coïncidence de l’ambivalence est troublante tant il est question d’intimité, d’une intimité partagée. A l’affirmation d’une identité stable, d’un être inaltérable, tu préfères le transformisme de la multiplicité, l’accueil des points de vue et des altérités. Tu es ventriloquée et tu mimes. Tu te pares et tu habites. Tu collectes, enregistres, absorbes, redistribues. Tu veux voir ce que ça fait et ce que ça fait faire. Pour emprunter les mots d’Eileen Myles, tu explores l’espace où découvrir « les communiqués insolites et intangibles de la pensée et du ressenti des autres autour de nous ». Tu es : un réseau social empathique, un forum aux airs de safe space, une zone de contact épidermique où ça touche, une interface sensible où ne cessent de trouver écho et de se réinterpréter les histoires du dehors. En te soumettant à la recherche mutuelle, en prenant le détour et le langage de l’autre, tu prépares l’antidote. Une chose est sûre en tout cas puisque c’est toi qui le dis : tu es une FM. Soit : une antenne et un HP. Un canal de (re)transmission et d’amplification. Jack Spicer devrait te plaire, lui pour qui le poète est une radio et les poèmes, des messages venus de l’Extérieur. Mais quand tu te défais de tous ces rôles qui fusionnent en toi, de toutes ces voix qui ne t’appartiennent pas, tu scrutes à l’Intérieur, tu dresses des cartes mentales, des lignes de pastel sentimentales, des réseaux d’affects et d’images qui te sont propres.

Tu as entamé une relation de réciprocité. Le terme latin relatio atteste l’idée claire d’un rapport, qu’il faut à la fois entendre sous l’angle de la narration (rapporter, relater, témoigner) et de la connexion (entre différents phénomènes, formes vivantes, faits ou objets). Il induit quelques notions déjà évoquées à ton sujet : une adresse, une altérité, un réseau d’échanges vivaces, un espace-temps, une interface, ainsi qu’une certaine forme de causalité, d’affection et de capacité d’agir. Dans cette relation, tu racontes et tu es racontée. C’est donnant-donnant. D’une part, tu offres l’hospitalité au récit de soi d’une artiste qui déploie, inscrit, publie ses mots par fragments et ellipses sur des objets et tissus rouges – d’ailleurs, n’est-il pas fascinant que « texte » et « textile » dérivent d’une étymologie commune, celle de quelque chose qui se trame ? D’autre part, tu donnes un corps à un lieu dont les strates successives s’animent à travers toi sous la forme de personnages et de costumes : une cavalière style western, une bricoleuse badass aux gestes allusifs, une architecte un peu engoncée dessinant les plans d’un bateau et une chicha girl élégante fumant tranquillement sur l’embarcation une fois construite. Chacune de ces peaux que tu revêts, qui apparaissent et s’effacent au gré du khôl, du far ou du lipstick appliqués sur ton visage par une maquilleuse aux longs ongles verts, évoquent des métiers que tu féminises pour mieux (dé)jouer les stéréotypes qui y sont associés et dessiner en filigrane, non sans humour et un certain érotisme (tu parles de porno soft lesbien), les mécanismes d’émancipation.

Que nous font et nous font faire les vêtements, les masques et le maquillage qui drapent et soulignent les contours de nos persona ? L’histoire de la littérature, des arts et de la philosophie regorge d’exemples contradictoires. Dans certains cas, ils sont soit ces choses terrifiantes qui adhèrent au corps et l’étouffent au point de ne pouvoir s’en libérer, qui se substituent à un moi réduit au rôle de miroir reflétant l’image d’un autre, soit le costume permettant de couvrir une hideuse nudité (physique et psychique) et de s’affirmer dans l’ « inter-humain ». Quand dans d’autres, ils deviennent l’expression la plus intense et exaltante d’une identité, fusse-t-elle aux cent visages, et un mode d’adresse transcendantal. Tu repenses soudain à cette citation d’Emanuele Coccia : «Les vêtements démontrent combien il est illusoire d’imaginer l’existence d’un ego séparé du monde qui voudrait n’être lié qu’à soi, tout comme celle d’un monde qui pourrait exister sans un sujet qui l’habite. La nature du moi est celle d’un caprice dont l’objet est toujours le monde. Et vice versa, le monde n’est jamais que kosmos, ornement, maquillage d’un moi (qu’il soit collectif ou individuel). Ne peut dire moi que celui qui sait se maquiller. »

Mais tu ne sais plus très bien quoi en penser et tu chantes que ça te colle, que ça te colle à la peau. Tu te sens coincée avec tout ça, ces secondes peaux, ces peaux textiles, ces peaux make-up, ces peaux slapstick, avec toutes ces figures qui te hantent et te traversent, et davantage encore peut-être avec ce Moi-peau qu’on ne peut laisser en boule dans un coin de la chambre et qui, à en croire le psychanalyste Didier Anzieu, est si fondamentale dans la construction individuelle. Alors peut-être pour mieux t’extraire de ce tout ça, pour mieux t’en décoller, tu exorcises en chantant dans la nuit noire et on ne se lasse pas de repasser encore et encore la membrane magnétique sur laquelle s’est fixé le spectre de ton entêtante complainte.


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Carla Adra, publié dans le catalogue du 66ème Salon de Montrouge, Eva Barois De Caevel, 2022.

Carla Adra est née en 1993. Elle vit et travaille en Île-de-France. Elle est diplômée de l’École supérieure d’art et de design de Reims.

Pour le dire simplement et sans détours, la pratique de Carla Adra est une pratique touchante, une pratique qui touche, une pratique qui me touche. D’ailleurs c’est véritablement une pratique du contact, de la continuité (contiguïté ?) des corps, de l’incorporation et de la redistribution des vécus – et finalement une pratique dont la matière est ce qui la touche, elle, l’artiste. L’art de Carla Adra est un art qui touche ailleurs que là d’où elle vient, que là où elle est, que là d’où elle parle – je m’inspire du somptueux sous-titre de la pièce de Lazare – Rabah Robert – Touche ailleurs que là où tu es né – publiée aux Solitaires intempestifs en 2013.

À Lyon, Carla s’est attelée en 2019 à un vaste « bureau des pleurs » : le recueil, auprès de 300 personnes, du récit de ce qu’ils et elles ont perçu comme une injustice personnellement subie. Carla a mangé ces récits, elle les a gravés sur disque pour une postérité anonyme, puis elle les a simplement redits, en y mettant toute son empathie. En résidence à La Galerie à Noisy-Le-Sec, Carla présentait récemment l’exposition « Paroles chaudes », un titre sensuel et sérieusement drôle, ou drôlement sérieux, comme tout son travail. Cette exposition est l’issue d’un travail de six mois à nouer des relations entre un groupe de jeunes adultes et d’encadrantes d’un centre médico-éducatif de Noisy et l’équipe du centre d’art. Des histoires à propos de soi ont été partagées et sont devenues des capes mentales, qui sont aussi des objets et des œuvres. Vêtu de ces capes, le groupe a partagé un peu de ce qui s’était produit pendant cette année passée ensemble, dans un bureau du centre administratif de la mairie de Noisy. En somme, c’est un art de la relation et de la situation que déploie Adra, qui se pare au cours du processus de formes malicieuses, dérisoires ou spectaculaires, rappelant les costumes Dada (réalisés par Sonia Delaunay) du Cœur à Gaz de Tristan Tzara ou ceux de la lecture de Karawane par Hugo Ball.

La pratique de Carla est tournée vers les gens, toujours, mais tout autant vers les lieux et les situations : le structurel. La donne d’une résidence, d’un post-diplôme, d’un format de travail quel qu’il soit pour l’artiste, devient la question de Carla : que peut-on faire se rencontrer dans ces formats, que peut-on faire de ces formats ? Il y a un point de départ, mais ça va surtout là où il est possible d’aller avec qui sont ces personnes et ces situations qu’on rencontre, qu’on découvre, qu’on prend le temps de comprendre. Les vastes pièces vivantes, mobiles et immobiles, visibles et invisibles de Carla Adra naissent de ce moment où l’on voit ce qu’on peut mutuellement s’apporter (pas juste prendre et ramener du côté de l’art contemporain et de ses commerces). Ce n’est pas un art qui violente ou qui s’approprie, qui se sert puis qui illustre. C’est, par contre, une espèce d’art total où les formes n’émergent que de ce qui est toujours une organisation d’individus qui se retrouvent à devoir travailler ensemble.
Si le développement personnel est l’une des déclinaisons sournoises du capitalisme, alors l’art de Carla Adra en est un antidote. Si le vivre ensemble est devenu la formule passe-partout d’une polis dépolitisée, alors l’art de Carla Adra est ce qui lui redonne sens et conscience, hors de tout cynisme. Ici il s’agirait plutôt de faire du bien à chacun et chacune par le geste en commun.


FR

Love eat souls, Liza Maignan, 2022

À la Renaissance, le penseur humaniste Camillo Giulio développe l’idée d’un théâtre de la mémoire. Une pensée construite selon l’architecture des amphithéâtres romains, dont la structure des gradins permettrait métaphoriquement de ranger et d’ordonner idées et images. Camillo Giulio fait pivoter les usages et les points de vue de cette architecture du spectacle, et le corps des spectateur·rice·s opère un retournement de sa position sur lui·elle-même, vers lui·elle-même. La scène devient l’outil de vision de sa propre architecture de la pensée, une opération mentale convoquant les principes de l’art de la mnémotechnie antique.

Nous déambulons dans des espaces mentaux que nous construisons : des pièces d’une maison aux dédales d’un jardin, d’une cave humide ou d’un grenier dont les coins sont remplis de souvenirs. Dans ces architectures incertaines, nous accrochons quelques images aux murs, nous répétons des phrases qui résonnent dans les longs couloirs de la mémoire, nous recouvrons du tissu de l’oubli souvenirs passés. Mais ces architectures peuvent être précaires, fragiles, abîmées, obscures. Relatives à nos psychologies singulières, aux fondations de nos conditions sociales, familiales, affectives. Alors comment déambuler dans une construction qui s’effondre, s’effrite ? Comment user du pouvoir d’un langage liquide, vaporeux, de pensées insaisissables qui habitent ces espaces à « faibles légitimités » ? Dans l’ombre des souterrains, il peut sembler difficile de regarder une image déchirée, craquelée comme une peau de serpent ; de lire des pensées, brûlées par l’injustice hasardeuse de la chimie humaine, qui les disperse comme des cendres. Apprenons alors à lire le silence, à écouter les correspondances du vide et ses échos.

Dans le théâtre institutionnel du Centre Administratif de la Mairie de Noisy-le-Sec, on écoute les voix d’Aude, Awad, Carla, Farah, Florence, Nessim, Nathanaëlle, Simina, Yacine. L’architecture depuis laquelle ils et elles nous parlent est conçue de grandes fenêtres teintées de noir. Opaque de l’extérieur. Transparente de l’intérieur. Ils et elles observent l’autre, voient sans être vu·e·s. Pivotant sur leurs chaises de l’autre côté du bureau – celui depuis lequel des formes de pouvoir dominent – ils et elles rencontrent des corps inconnus, fonctionnaires de la ville. Les rôles s’inversent, créant une confusion dans le spectre social traditionnel des activités et des relations, initialement régies par la fonction bureaucratique du bâtiment. Une rencontre libre, vivante et non idéalisée crée un trouble dans le langage administré par un formulaire, une tentative de fixer des identités sur des feuilles en-têtées. Jouant avec des protocoles de l’ordinaire, ils et elles performent leurs identités afin de saisir ce qui chez l’autre pourrait-être l’écho d’eux·elles-mêmes : chacun·e se change en échangeant.

Un troisième œil est invoqué, celui de la caméra. Un troisième œil qui opère un basculement dans notre situation de spectateur·rice·s. Ce troisième œil devient le nôtre. Le corps-caméra révèle à l’écran le langage d’un corps-off : ses tremblements, ses mouvements, ses membres hors-champ qui apparaissent et disparaissent, un corps-off depuis lequel on entend les silences, les timbres, les vivacités, et les lenteurs, toutes les résonances et tous les arpèges de la sympathie. Si la langue est l’un des lieux où les choses se construisent et se transforment, le « moindre geste peut lui aussi faire signe » pour une personne vivant hors de cet usage de la parole. Les mots deviennent des vecteurs, des signes, qui dessinent des enveloppes d’êtres, à la fois protectrices et hostiles. Habillé de cette double peau-identité, le corps inconnu de l’autre répond à chaque mot, rebondissant comme des échos qui résonnent, forment des ondes, des interférences inattendues. Renversant les injonctions utopiques contemporaines, la fracture du « nous » révèle la complexité de la rencontre. La rencontre ne guérit pas. La rencontre ne répare pas. La rencontre ne panse pas. Elle ouvre les brèches du partage de la souffrance, elle troue la chair rigide qui recouvre les inégalités et les injustices, pour laisser s’échapper d’entre nos bouches nos pensées sauvages et poétiques.

Carla aspire les lettres comme elle les crache. Elle écrit avec sa bouche. Plongée dans des marées de substances humaines, de manifestations sonores impulsives, de langages instinctifs, de discussions imprévisibles, elle explore le langage de l’autre par le mime de la pensée. Depuis la cave, elle orchestre des phrases et des narrations in-formulées, qu’elle inscrit dans les profondeurs d’une marée de velours, brûlées par les mots qui glissent de sa bouche. Elle écrit de nouvelles vagues, remuée par le vent des paroles chaudes. Une double présence habite tant le relief de ces récits qui ondulent que la surface trouée à travers laquelle son regard se plonge dans le mien.


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Carla Adra, Eva Barois De Caevel , 2022

Carla Adra est née en 1993. Elle vit et travaille en Île-de-France. Elle est diplômée de l’Ecole supérieure d’art et de design de Reims.

Pour le dire simplement et sans détours, la pratique de Carla Adra est une pratique touchante, une pratique qui touche, une pratique qui me touche. D’ailleurs c’est véritablement une pratique du contact, de la continuité (contiguïté ?) des corps, de l’incorporation et de la redistribution des vécus — et finalement une pratique dont la matière est ce qui la touche, elle, l’artiste. L’art de Carla Adra est un art qui touche ailleurs que là d’où elle vient, que là où elle est, que là d’où elle parle — je m’inspire du somptueux sous-titre de la pièce de Lazare — Rabah Robert – Touche ailleurs que là où tu es né — publiée aux Solitaires intempestifs en 2013.

À Lyon, Carla s’est attelée en 2019 à un vaste « bureau des pleurs » : le recueil, auprès de 300 personnes, du récit de ce qu’ils et elles ont perçu comme une injustice qu’ils et elles ont personnellement subie. Carla a mangé ces récits, elle les a gravés sur disque pour une postérité anonyme, puis elle les a simplement re-dits, en y mettant toute son empathie. En résidence à La Galerie à Noisy-Le-Sec, Carla présentait récemment l’exposition Paroles chaudes, un titre sensuel et sérieusement drôle, ou drôlement sérieux, comme tout son travail. Cette exposition est l’issue d’un travail de six mois à nouer des relations entre un groupes de jeunes adultes et d’encadrantes d’un centre médico-éducatif de Noisy et l’équipe du centre d’art. Des histoires à propos de soi ont été partagées et sont devenues des capes mentales, qui sont aussi des objets et des œuvres. Vêtu de ces capes, le groupe a partagé un peu de ce qui s’était produit pendant cette année passée ensemble, dans un bureau du centre administratif de la Mairie de Noisy. En somme, c’est un art de la relation et de la situation que déploie Adra, qui se pare au cours du processus de formes malicieuses, dérisoires ou spectaculaires, et qui rappellent les costumes Dada (réalisés par Sonia Delaunay) du Cœur à Gaz de Tristan Tzara ou ceux de la lecture de Karawane par Hugo Ball.

La pratique de Carla est tournée vers les gens, toujours, mais tout autant vers les lieux et les situations : le structurel. La donne d’une résidence, d’un post-diplôme, d’un format de travail quel qu’il soit pour l’artiste, devient la question de Carla : que peut-on faire se rencontrer dans ces formats, que peut-on faire de ces formats ? Il y a un point de départ, mais ça va surtout là où il est possible d’aller avec qui sont ces personnes et ces situations qu’on rencontre, qu’on découvre, qu’on prend le temps de comprendre. Les vastes pièces vivantes, mobiles et immobiles, visibles et invisibles de Carla Adra naissent de ce moment où l’on voit ce qu’on peut mutuellement s’apporter (pas juste prendre et ramener du côté de l’art contemporain et de ses commerces). Ce n’est pas un art qui violente ou qui s’approprie, qui se sert puis qui illustre. C’est, par contre, une espèce d’art total où les formes n’émergent que de ce qui est toujours une organisation d’individus qui se retrouvent à devoir travailler ensemble.

Si le développement personnel est l’une des déclinaisons sournoises du capitalisme, alors l’art de Carla Adra en est un antidote. Si le vivre-ensemble est devenu la formule passe-partout d’une polis dépolitisée, alors l’art de Carla Adra est ce qui lui redonne sens et conscience, hors de tout cynisme. Ici il s’agirait plutôt de faire du bien à chacun.e par le geste en commun.


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Bouche, Leïla Couradin, septembre 2020

Faisant de la notion d’identité un concept complexe et mouvant, Carla Adra se fantasme comme venant « d’ailleurs » et se rêve « autre ». L’installation vidéo Bureau des pleurs, présentée à la biennale de Lyon en 2019, relève notamment, usant d’une forme d’empathie totale, de tentatives toujours renouvelées de devenir « l’autre », de faire corps avec lui, de s’approprier son enveloppe et ses souvenirs les plus intimes. Mue par un désir tant charnel qu’intellectuel, Carla Adra déplace, contourne, affine ou enjambe la frontière quasi poreuse entre elle-même et celui ou celle qu’elle rencontre, produisant un vertige saisissant : et si la fusion devenait parfaite ? Comment faire alors la différence entre soi et l’autre ? Non sans érotisme, l’artiste pose dans son travail la question psychanalytique aussi inquiétante qu’excitante de la potentielle disparition d’un être dans l’autre.

Les lettres qu’elle écrit puis scelle dans le bois (Aire, 2017), adressées à l’autre autant qu’à elle-même, comme les témoignages anonymes qu’elle recueille auprès d’inconnu•e•s (Bureau des pleurs, 2019) dans la rue ou d’enfants lors de performances (Ailes, 2019), dévoilent son rapport à la forme la plus directe de récit, sans détours, sans artifices, sans témoins ni (auto)censure. Peut-on tout dire et à qui ? Comment dépasser les conventions liées aux interactions sociales établies dans l’espace public – théorisées par Erving Goffman notamment – en demandant à l’autre de se livrer, ici, maintenant, avec une sincérité radicale ?

Carla Adra prend la parole en premier, se fait Pythie contemporaine, oracle d’un temple fictif, donnant le la d’une conversation intime bien souvent libératrice. Si elle travaille seule, son introspection devient pourtant collective. A chaque nouvelle pièce tout est à réinventer ; c’est aussi vertigineux que grisant. L’attention particulière que Carla Adra porte au réel et à son potentiel narratif incommensurable relève de la performance que l’artiste qualifie de « pure ». Elle observe le monde en attendant qu’il se passe quelque chose, à l’affut, prête à en capturer l’essence poétique (Collection de vidéos, 2015-2020). Il s’agit pour elle d’extraire une situation chargée d’une invisible beauté, pour la transformer en performance, texte, vidéo ou image. Présentées ensemble dans l’installation in situ Bouche, les oeuvres de ce corpus sensible produisent à leur tour un méta-récit, qui pourrait être chuchoté, à la lumière d’une bougie, dans une grotte.

EN

Mouth, Leïla Couradin, September 2020

For the fourth project in its program, the local invited the French-Canadian artist Carla Adra (born in 1993) to present a brand new installation at the Trésor, at the foot of the Reims Cathedral. Bouche is an exhibition in which visitors discover an intimate space at the heart of the cultural life of Reims.

Turning the notion of identity into a complex and moving concept, Carla Adra fantasizes as coming from "elsewhere" and dreams of herself as "other". The video installation Bureau des pleurs, presented at the Lyon Biennale in 2019, is a form of total empathy, of constantly renewed attempts to become "the other", to become one with him, to appropriate its envelope and its most intimate memories. Driven by a desire both carnal and intellectual, Carla Adra moves, circumvents, refines or straddles the almost porous boundary between herself and the person she meets, producing a striking vertigo: what if the fusion became perfect? How then can one tell the difference between oneself and the other? Not without eroticism, the artist poses in her work the psychoanalytical question, as disturbing as it is exciting, of the potential disappearance of a being in the other.

The letters she writes and then seals in wood (Aire, 2017), addressed to the other as much as to herself, as well as the anonymous testimonies she collects from strangers (Bureau des pleurs, 2019) in the street or from children during performances (Ailes, 2019), reveal her relationship to the most direct form of narrative, without detours, without artifice, without witnesses or (self)censorship. Can we tell everything and to whom? How can we go beyond the conventions related to social interactions established in the public space - theorized by Erving Goffman in particular - by asking the other to surrender, here, now, with radical sincerity?

Carla Adra speaks first, becoming contemporary Pythia, oracle of a fictitious temple, setting the tone for an intimate conversation that is often liberating. Although she works alone, her introspection nevertheless becomes collective. With each new piece, everything has to be reinvented; it is as dizzying as it is exhilarating. Carla Adra's particular attention to reality and its immeasurable narrative potential is the result of a performance that the artist describes as "pure". She observes the world while waiting for something to happen, on the lookout, ready to capture its poetic essence (Collection de vidéos, 2015-2020). For her, it is a matter of extracting a situation charged with invisible beauty, to transform it into a performance, text, video or image. Presented together in the in situ installation Bouche, the works from this sensitive corpus in turn produce a meta-narrative, which could be whispered, by candlelight, in a cave.

Written by Leïla Couradin, curator of the monographic exhibition of Carla Adra Bouche du Local (16 to 31 October 2020).




FR

Extrait du texte Objet art de Laurent Buffet publié et édité par le Centre du Livre d’Artiste de Saint Yrieiex-la-Perche, octobre 2020

J’ai rencontré Carla Adra à l’occasion d’un prix auquel j’avais été invité à participer en tant que membre du jury — et dont elle fut, à ma plus grande satisfaction, la lauréate. Elle présenta alors, dans les gradins du théâtre de la ville, une performance interprétée par une dizaine d’acteurs. Entrant dans la salle par le haut des gradins, seuls ou par groupes, des hommes et des femmes descendirent lentement les escaliers, longèrent les travées, s’arrêtèrent devant des sièges, et, par la pression de leur corps, les firent grincer — doucement d’abord, puis de plus en plus vite. Au milieu de la salle, un siège avait été retiré, à la place duquel était posé un long écrin en bois comprenant — comme Carla Adra nous l’appris ensuite—une lettre roulée. J’eu l’impertinence de voir, et surtout d’entendre, dans cette scène hors scène, là où prennent habituellement place les spectateurs, ce que Freud aurait appelé une « scène primitive » : celle, ni plus ni moins, d’un coït, et même d’une conjugaison de coïts s’accomplissant autour d’un lieu vide, symbolisée par ce qui avait tout l’air d’un phallus scellant des signifiants devenus par ce fait inaccessibles. "L’objet a" performé, pour ainsi dire. Carla Adra est encore une jeune artiste, et peu importe au fond mes divagations lacaniennes, elle articule déjà avec beaucoup de force et de subtilité le rapport, présent dans la plupart de ses travaux, entre apparition et la disparition, représentation et irreprésentable, qui me semble être au coeur des grands enjeux de l’art contemporain.

EN

Extract from the text Objet art by Laurent Buffet published and edited by the Centre du Livre d'Artiste de Saint Yrieiex-la-Perche, October 2020

I met Carla Adra on the occasion of an award in which I had been invited to participate as a member of the jury - and of which she was, to my great satisfaction, the award winner. She then presented a performance in the stands of the city theater, performed by a dozen actors.Entering the auditorium from the top of the bleachers, alone or in groups, men and women slowly descended the stairs, walked along the bays, stopped in front of seats, and, by the pressure of their bodies, made them creak - slowly at first, then faster and faster.Entering the auditorium from the top of the bleachers, alone or in groups, men and women slowly descended the stairs, walked along the bays, stopped in front of seats, and, by the pressure of their bodies, made them creak - slowly at first, then faster and faster. In the middle of the room, a seat had been removed, and in its place was a long wooden box with - as Carla Adra later taught us - a rolled letter. I had the impertinence to see, and above all to hear, in this off-stage scene, where the spectators usually take their seats, what Freud would have called a "primitive scene": that, no more and no less, of coitus, and even of a conjugation of coitus taking place around an empty place, symbolized by what looked like a phallus sealing signifiers that had thus become inaccessible. "The object has" performed, so to speak. Carla Adra is still a young artist, and no matter what my Lacanian ramblings may be, she already articulates with great strength and subtlety the relationship present in most of his works, between appearance and disappearance, representation and unrepresentable, which seems to me to be at the heart of the great issues of contemporary art.




FR

POST it #02, Carla ADRA, entretien réalisé par Leila Couradin, octobre 2020

POST it est une micro-édition indépendante qui donne la parole aux artistes lié•e•s à la région Grand Est. Initié en 2020 par Leïla Couradin, Chloé Godefroy (critiques d’art) et Anaëlle Rambaud (artiste), POST it soutient la jeune création contemporaine et propose aux artistes de réaliser une carte originale, glissée entre ses pages.


Qui es-tu, d’où viens-tu, tu fais quoi dans la vie ?

Je m’appelle Carla Adra, je suis née en 1993 à Toronto, au Canada. Ma mère est franco-argentine et mon père est libanais. Ma famille étant installée un peu partout et issue de plusieurs cultures différentes, j’ai beaucoup voyagé, donc je n’ai pas l’impression d’appartenir à un seul pays. Je viens donc de « là » mais j’ai surtout grandi à Paris.
« Qui es-tu » est une question très compliquée, c’est LA question à laquelle je suis confrontée dans mon travail. Je crois en effet que c’est une question fondamentale qui nécessite d’aller chercher la réponse individuellement, avec l’aide des autres, notamment lorsqu’on pratique une activité artistique. Dans mon travail, je tente de transmettre des messages, des choses que j’ai apprises ou comprises. Je cherche à remplir des manques, à être à l’écoute des autres, à créer du lien.
Je fais des expositions, des performances, des sculptures à travers lesquelles j’essaie de faire sentir aux publics des réalités qui me semblent importantes et parfois moins visibles, peu mises en valeur.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de l’art ?

J’ai presque envie de transformer la question : « qui m’a donné envie de faire de l’art ? »
La musique est très présente dans ma famille, une grande sensibilité est donc admise. Les différentes femmes auprès desquelles j’ai grandi sont créatives et très attentives à la notion de beauté. Mon arrière-grand-mère argentine était peintre, elle me faisait peindre dans son atelier, je trouvais ça magnifique. Ma grand-mère libanaise travaillait dans la haute couture, elle m’émerveillait avec les paillettes, les tissus, les décorations. Ma grand-mère française aimait la nature, j’étais admirative de l’intensité qu’elle mettait dans le soin de ses plantes, de son jardin. Ma mère est aussi très manuelle et sensible aux détails, elle m’a emmenée voir de nombreuses expositions lorsque j’étais enfant.
Cette question me rappelle aussi une anecdote qui m’a vraiment marquée. Enfant, j’ai fait un dessin à l’école, en recopiant l’image et la légende d’un livre. La maîtresse m’a demandé si j’avais vraiment écrit et dessiné ce soleil, j’ai dit oui. J’ai fait le tour de toutes les salles avec mon dessin, et j’ai eu une impression d’existence très forte, c’était un moment de fierté, de reconnaissance. C’est ce qui peut se passer quand on fait quelque chose qui touche vraiment quelqu’un, c’est très fort. C’est assez proche du salut à la fin d’une pièce de théâtre, un instant que je trouve particulièrement beau. Ce qui m’amuse avec cette anecdote c’est que c’est dans la copie de quelque chose que j’ai pu procurer cette émotion. J’ai gardé cela dans mon travail. Certaines de mes rencontres tout au long de mon parcours m’ont aussi donné envie de faire de l’art. À l’école Boule (une école d’arts appliqués), une professeure m’a demandé ce que je faisais là, pour elle je devais faire une école d’art. C’est comme ça que je suis allée à l’ESAD (École Supérieure d’Art et de Design) de Reims, d’abord en option design végétal ; je voulais être designer, j’avais l’impression que c’était un « vrai métier ». Au fur et à mesure de mes projets, certains échanges au sein de l’école (avec Cécile Le Talec, Véronique Pintelon et Rozenn Canevet) m’ont poussée à choisir la section art. À ce moment de mes études elles avaient l’air de mieux savoir que moi, donc je leur ai fait confiance, et elles avaient raison ! Ensuite, Giuseppe Gabellone, artiste et professeur à l’ESAD, m’a aidée à poser les bases fondamentales de mon travail sculptural. Il m’a appris à regarder et à comprendre une certaine beauté intérieure qui émane des formes. Agnès Thurnaueur m’a poussée à dessiner, j’ai eu le sentiment d’avoir une véritable connexion avec cette artiste, avec qui j’ai aussi parlé de psychanalyse, ça a été un vrai déclic, tout comme ma rencontre avec Anne Kawala, qui m’a incitée à me tourner vers la performance notamment. Je crois que ce sont toutes ces rencontres qui m’ont donné envie de faire de l’art.

Qu’est-ce qui t’a déjà donné envie d’arrêter de faire de l’art ?

Je n’ai jamais eu envie d’arrêter.
J’ai fait une pause pendant mes études, au moment où je ne savais plus si je voulais faire de l’art contemporain ou du théâtre. Les choses me semblaient aller beaucoup trop vite, j’ai eu mon Diplôme National d’Arts Plastiques à 19 ans, et la suite logique était de se lancer dans un mémoire de master. À ce moment-là je faisais de la performance mais je ne savais pas vraiment ce que c’était, je crois que j’ai eu besoin de prendre un peu de recul. J’ai donc fait une année d’anthropologie à l’université, et je suis partie au Mexique.
Mais pendant cette année je me suis rendu compte que je ne pouvais pas m’empêcher de créer. Je disais que je ne croyais pas en l’objectivité de l’anthropologie, j’avais toujours envie de donner mon point de vue. Or quand on est anthropologue on ne doit pas créer. La transition a été rude entre une école d’art avec une liberté totale et une discipline beaucoup plus académique, scientifique. Pendant la période que j’ai passée au Mexique j’ai fait un film « malgré moi », j’avais l’impression de ne pas avoir le choix (ce qui n’est pas toujours très agréable).

Quelles sont les oeuvres que tu regardes ?

J’ai du mal à répondre à cette question. Je crois que je regarde tout, mais peut-être particulièrement la peinture et la performance. La notion de temporalité m’intéresse particulièrement dans la peinture. On peut rester quelques minutes, ou beaucoup plus longuement devant une toile et se laisser progressivement envahir par l’émotion, parfois jusqu’aux larmes. L’effet que la peinture produit sur nous n’est pas du tout le même en fonction du temps que l’on passe à la regarder.
J’ai lu beaucoup de documentation sur des performances, mais j’en ai vu très peu (je pense à celles que je considère comme étant de « vraies » performances, pendant lesquelles il n’y a pas de limite avec le spectateur). J’ai vu celles de Tino Sehgal au Palais de Tokyo (2016), où le rapport avec le visiteur était direct, ou The Mending Project de Lee Mingwei pour qui j’ai travaillé à la Biennale de Venise en 2017. C’est un type d’art dont je me sens très proche ; j’ai l’impression que le meilleur moyen d’attraper les gens et de leur transmettre quelque chose c’est la performance.

Quelles sont les oeuvres que tu ne regardes pas ?

Dans une expo collective, les oeuvres que je ne regarde pas sont celles qui sont noyées dans l’espace. Par exemple, lorsque je travaillais à la Biennale de Venise à l’Arsenal, je crois que j’ai mis un mois à « voir » les oeuvres. Celles qui retiennent mon attention, et c’est presque malheureux, ce sont les vidéos parce que ce médium nous contraint à s’assoir et à regarder ; notre corps nous l’oblige. Le reste du temps on passe parfois trop vite, on s’approche d’une forme ou d’une autre parce qu’on est sensible à une couleur, une fragilité, une forme de discrétion.
Mais de manière générale, je me demande toujours ce qui fait que cet•te artiste est exposé•e là. Même si c’est un travail qui m’intéresse peu, il est quand même là sous mes yeux, il réussit à être exposé, je passe donc parfois à côté de choses qui marchent.
Je pense tout de suite à la première exposition que j’ai vu toute seule, j’avais 14 ans, à la Fondation Cartier : c’était une exposition des peintures de David Lynch. C’est peut-être le fait d’avoir visité cette exposition seule, mais il s’est passé quelque chose de très fort pour moi. Ses peintures sont à la fois presque violentes, et en même temps très enfantines, c’est presque cruel tout en étant vrai. Cette exposition m’a fait beaucoup de bien, elle m’a vraiment parlé.
Je pense aussi aux peintures de Mark Rothko. J’ai déjà fait cette expérience de rester longuement devant l’une de ses toiles et de me mettre à pleurer. Sa technique de strates de couleurs produit une profondeur immense et suscite des émotions très fortes chez moi.
Je lis en ce moment Voyages en Alaska (2009) de John Muir, c’est un récit de voyage au nord du Canada qui me fait rêver en ce moment. J’aimerais beaucoup y aller, voir la neige à perte de vue… La façon dont l’auteur écrit est vraiment très touchante et très tendre.
J’ai relu récemment le journal de Mireille Havet, qui date de 1918-1919, c’était une amie d’Apollinaire, elle y parle de sa vie, de son homosexualité, de son amour pour les stupéfiants. Elle était très libre, c’est vraiment remarquable pour l’époque.
J’ai aussi envie de citer Virginia Woolf, qui a été un énorme déclic pour moi, c’est aussi une madeleine de Proust ! Les Vagues (1931) est un livre qui m’a tellement bouleversé, que j’ai voulu en faire une performance. J’aurais voulu lire ce livre en entier sur la plage, adressée à la mer.
Je lis aussi Rudolf Steiner, L’Art éducatif, l’imagination créatrice dans l’enseignement (1923). C’est un anthropo-physicien presque fou, qui mélange plusieurs pensées sur le cosmos, la nature, l’éducation… C’est universaliste, philosophique et un peu ésotérique, c’est sa pensée du monde et une étude sur l’être humain.

Quelles sont les autres disciplines qui nourrissent ta pratique ?

La musique fait véritablement partie de ma pratique. J’ai l’impression d’en être entourée, ma mère faisait du violon, mon frère est chanteur lyrique et compositeur de musique électronique. J’ai fait de la guitare classique pendant presque dix ans, j’écrivais mes chansons, et je pense que la musique a vraiment été le point d’entrée vers l’art pour moi. J’ai commencé le théâtre à 11 ans, ça m’a aussi beaucoup inspirée, ainsi que l’écriture et la lecture qui accompagnent ma pratique. Ma grand-mère m’avait dit enfant : quand tu sauras lire, tu pourras entrer dans les livres. Ça me faisait rêver !
Les voyages, le fait d’être toujours très en mouvement, c’est aussi très important dans mon travail. Cet été je suis résidente à la Cité internationale des arts à Paris et j’ai vraiment l’impression que c’est la première fois que je reviens à Paris depuis 10 ans. J’ai le sentiment d’avoir besoin d’être toujours ailleurs, presque sans avoir le choix. La stabilité pouvait presque créer chez moi des angoisses. Mais tout ça, c’est aussi compliqué parce que dans un voyage on arrive et on repart, c’est parfois difficile de construire quelque chose.

Dans quel environnement et comment est-ce que tu te mets au travail ?

Pour chaque médium, pour chaque technique, j’ai besoin d’un cadre approprié. Les environnements sont donc très différents. L’un de mes lieux de travail est mon atelier, chez moi, qui est très stable, mais dans lequel je vais avoir tendance à un peu mouliner… Pour écrire par exemple j’ai besoin d’être entourée de livres, d’avoir un tableau sur lequel j’écris des mots, et lorsque je travaille le son avec mon frère je loue un studio, une salle blanche. Pour réaliser la pièce Bureau des pleurs2, cette fois-ci j’ai travaillé dehors, dans les parcs, pour aller à la rencontre des gens. Le cadre de travail que je m’impose devient donc aussi un cadre de vie. Parfois j’ai besoin d’aller faire du sport, ou de faire une balade intuitive pour me mettre dans un mood, un état modifié de conscience.

Sur quoi tu travailles en ce moment ?

Je veux écrire. J’ai vraiment commencé à écrire pendant le confinement (qui pour le coup était le cadre idéal !). J’aimerais écrire sur le Bureau des pleurs, sur l’expérience humaine d’être allée à la rencontre de parfait•e•s inconnu•e•s dans la rue pour entamer avec eux•elles une discussion introspective. En commençant à écrire sur cette expérience, je me suis rendu compte que ce texte parlait plus généralement de mon rapport à l’art de façon assez personnelle, et j’ai l’impression que ce texte a besoin d’être adressé pour être transmis. Je ne sais pas encore quelle forme cela prendra mais j’ai vraiment ce désir personnel de poursuivre ce projet, de me donner le temps de le faire.

©POST it édition



EN

POST it #02, Carla ADRA, interview by Leila Couradin, October 2020

POST it is an independent micro-edition that gives a voice to artists linked to the Grand Est region. Initiated in 2020 by Leïla Couradin, Chloé Godefroy (art critics) and Anaëlle Rambaud (artist), POST it supports young contemporary creation and proposes to artists to create an original card, slipped between its pages.

Who are you, where do you come from, what do you do in life?

My name is Carla Adra, I was born in 1993 in Toronto, Canada. My mother is Franco-Argentinean and my father is Lebanese. My family being settled all over the world and coming from many different cultures, I have travelled a lot, so I don't feel like I belong to one country. So I come from "there" but I grew up in Paris. "Who are you" is a very complicated question, it's THE question I'm confronted with in my work. I believe that it is a fundamental question that needs to be answered individually, with the help of others, especially when one practices an artistic activity. In my work, I try to convey messages, things that I have learned or understood. I try to fill in gaps, to listen to others, to create a bond.
I make exhibitions, performances, sculptures through which I try to make the public feel realities that seem important to me and sometimes less visible, little emphasized.

What made you want to make art?

I almost feel like transforming the question: "who made me want to make art? »
Music is very present in my family, a great sensitivity is therefore admitted. The different women I grew up with are creative and very attentive to the notion of beauty. My great-grandmother from Argentina was a painter, she had me paint in her studio, I thought it was beautiful. My Lebanese grandmother worked in haute couture, she amazed me with the sequins, the fabrics, the decorations. My French grandmother loved nature, I admired the intensity that she put in the care of her plants, of her garden. My mother is also very manual and sensitive to details, she took me to see many exhibitions when I was a child.7
This question also reminds me of an anecdote that really struck me. As a child, I made a drawing at school, copying the image and caption from a book. The teacher asked me if I had really written and drawn this sun, I said yes. I went around all the rooms with my drawing, and I had a very strong impression of existence, it was a moment of pride, of recognition. That's what can happen when you do something that really touches someone, it's very strong. It's quite close to salvation at the end of a play, a moment that I find particularly beautiful. What amuses me with this anecdote is that it's in the copy of something that I was able to provide this emotion. I've kept that in my work. Some of my encounters throughout my career have also made me want to make art. At Boule School (an applied arts school), a teacher asked me what I was doing there, for her I had to go to art school. That's how I went to ESAD (École Supérieure d'Art et de Design) in Reims, first in the plant design option; I wanted to be a designer, I felt it was a "real job". As my projects progressed, some exchanges within the school (with Cécile Le Talec, Véronique Pintelon and Rozenn Canevet) pushed me to choose the art section. At that point in my studies they seemed to know better than I did, so I trusted them, and they were right! Then, Giuseppe Gabellone, artist and professor at ESAD, helped me to lay the fundamental foundations of my sculptural work. He taught me to look at and understand a certain inner beauty that emanates from the forms. Agnès Thurnaueur pushed me to draw, I felt I had a real connection with this artist, with whom I also talked about psychoanalysis, it was a real trigger, as was my meeting with Anne Kawala, which encouraged me to turn to performance in particular. I think it was all these encounters that made me want to make art.

What has ever made you want to stop making art?

I've never wanted to stop.
I took a break during my studies, when I didn't know whether I wanted to do contemporary art or theater. Things seemed to be going much too fast, I got my National Diploma in Plastic Arts at the age of 19, and the logical next step was to do a master's thesis. At that time I was doing performance but I didn't really know what it was, I think I needed to take a step back. So I did a year of anthropology at university, and I went to Mexico.
But during that year I realized that I couldn't help but create. I said that I didn't believe in the objectivity of anthropology, I always wanted to give my point of view. But when you are an anthropologist you should not create. It was a difficult transition from an art school with total freedom to a much more academic, scientific discipline. During the time I spent in Mexico I made a film "in spite of myself", I felt I had no choice (which is not always very pleasant).

What works are you looking at?

I have difficulty answering this question. I think I look at everything, but maybe especially painting and performance. The notion of temporality interests me particularly in painting. One can stay a few minutes, or much longer in front of a canvas and let oneself be gradually overwhelmed by emotion, sometimes to tears. The effect that painting produces on us is not at all the same depending on the time we spend looking at it.
I've read a lot of literature about performances, but I've seen very few (I think about those I consider "real" performances, during which there is no limit with the spectator). I have seen those of Tino Sehgal at the Palais de Tokyo (2016), where the relationship with the visitor was direct, or The Mending Project by Lee Mingwei for whom I worked at the Venice Biennale in 2017. It's a type of art that I feel very close to; I feel that the best way to catch people and convey something to them is through performance.

What are the works you don't watch?

In a collective exhibition, the works I don't look at are the ones that are drowned in space. For example, when I was working at the Venice Biennale at the Arsenal, I think it took me a month to "see" the works. The ones that catch my attention, and it's almost unfortunate, are the videos because this medium forces us to sit and look; our bodies force us to do so. The rest of the time we sometimes pass too quickly, we approach one form or another because we are sensitive to a color, a fragility, a form of discretion.
But generally speaking, I always wonder what makes this artist exposed there. Even if it's a work that doesn't interest me much, it's still there before my eyes, it manages to be exposed, so I sometimes miss things that work.
I immediately think of the first exhibition I saw on my own, when I was 14, at the Fondation Cartier: it was an exhibition of David Lynch's paintings. It may have been the fact of having visited this exhibition alone, but something very strong happened to me. His paintings are at the same time almost violent, and at the same time very childish, it's almost cruel while being true. This exhibition did me a lot of good, it really spoke to me.
I also think of Mark Rothko's paintings. I've already had the experience of standing in front of one of his paintings for a long time and crying. His technique of layers of colors produces immense depth and arouses very strong emotions in me.
I am currently reading Voyages en Alaska (2009) by John Muir, it is a story of a trip to the north of Canada that makes me dream at the moment. I would love to go there and see the snow as far as the eye can see... The way the author writes is really very touching and tender.
I recently reread Mireille Havet's diary, which dates from 1918-1919, she was a friend of Apollinaire, she talks about her life, her homosexuality, her love for drugs. She was very free, it's really remarkable for the time.
I also want to quote Virginia Woolf, which was a huge trigger for me, it's also a Proust madeleine! Les Vagues (1931) is a book that moved me so much that I wanted to make it a performance. I would have liked to read this book in its entirety on the beach, addressed to the sea.
I also read Rudolf Steiner, L'Art éducatif, l'imagination créatrice dans l'enseignement (1923). He is an almost mad anthropo-physician, who mixes several thoughts about the cosmos, nature, education... It is universalist, philosophical and a bit esoteric, it is his thought of the world and a study of the human being.

What are the other disciplines that nourish your practice?

Music is really part of my practice. I feel like I'm surrounded by it, my mother played the violin, my brother is a lyric singer and composer of electronic music. I played classical guitar for almost ten years, I wrote my songs, and I think music has really been the entry point to art for me.
I started acting at the age of 11, it also inspired me a lot, as well as the writing and reading that goes with it. My grandmother told me as a child: when you can read, you can get into books. It made me dream!
Travelling, always being on the move, is also very important in my work. This summer I'm a resident at the Cité internationale des arts in Paris and I really feel like this is the first time I've come back to Paris in 10 years. I feel like I need to always be somewhere else, almost without having a choice. The stability could almost create anxiety for me. But all this is also complicated because in a trip you arrive and leave, it's sometimes difficult to build something.

In what environment and how do you get to work?

For each medium, for each technique, I need an appropriate framework. So the environments are very different. One of my work places is my studio at home, which is very stable, but in which I tend to grind a little bit... To write for example I need to be surrounded by books, to have a board on which I write words, and when I work on sound with my brother I rent a studio, a clean room. This time I worked outdoors, in parks, to meet people, to create the piece Bureau des pleurs2. The framework that I set for myself becomes a framework for living. Sometimes I need to go to the gym, or take an intuitive walk to put myself in a mood, a modified state of consciousness.

What are you working on right now?

I want to write. I really started to write during the confinement (which was the perfect setting for it!). I'd like to write about the Crying Bureau, about the human experience of meeting complete strangers on the street and having an introspective discussion with them. As I began writing about this experience, I realized that this text spoke more generally about my relationship to art in a rather personal way, and I feel that this text needs to be addressed in order to be transmitted. I don't know yet what form it will take, but I really have this personal desire to pursue this project, to give myself the time to do it.

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À qui tu parles, 2023

Galerie Valeria Cetraro, Paris
DU 28 janvier au 25 février 2023

Duo show avec Carla Adra et Cécile Noguès
Crédits photos : Salim Santa Lucia





FR

La question est toujours de savoir à qui l’on s’adresse.
Alors à qui s’adressent-elles, Carla Adra et Cécile Noguès, réunies à la Galerie Valeria Cetraro pour un duo show ?
Tout d’abord, elles ont décidé de s’adresser aux artistes qui les ont précédées, et de répondre par le titre de leur exposition, « À qui tu parles. », à celui d’Angélique Aubrit et Ludovic Beillard, qui était « Je veux que tu meures ». Cela maintient entre les lignes, un dialogue entre les artistes qui concerne essentiellement notre rapport à l’autre, les processus d’identification qui le caractérisent, et l’impossibilité d’un discours qui puisse dire toujours ce qu’il veut dire. Car il y a un sens qui est au-delà de ce qui se dit, dans la fonction poétique de la parole, mais aussi dans la fonction poétique des œuvres que nous regardons, énigmatiques. Lorsqu’au sein de l’exposition Carla et Cécile s’adressent l’une à l’autre, c’est essentiellement dans une articulation du corps avec la parole. Il s’agit d’un dialogue entre les formes organiques des œuvres de Cécile, faites de restes, de ce qui s’oublie et qui remonte toujours à la surface, et les paroles intimes, parfois froissées, illisibles ou barrées des œuvres de Carla. Les différentes parties de ce dialogue sont ainsi morcelées, dépouillées, pour aller à l’essence, à l’os du corps, comme dans l’œuvre de Cécile, La gène des règnes (2022). C’est également à la limite de la lettre qu’émergent par effacement, les associations libres de Carla dans Se perdre sans peur (2019).
Il n’y a pas de parole sans corps. Lorsque les mots sont gelés, ils servent de Bouclier (2019). Lorsqu’ils se déplient malgré l’inavouable, ce sont des enfants qui les attrapent pour trouver une réponse, par des Mots de gueule (2019).
Le Pied de micro (2023) de Cécile marque la possibilité d’une prise de parole, lieu d’énonciation qui est aussi celui des performeuses du film Sonde (2021), racontant au futur la chronique de leur propre vie. Ici, un étrange mouvement à rebours projette le passé vers le futur.

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Ça te colle à la peau, 2023

Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers, Montpellier
Du 15.03.2023 au 10.06.2023

Exposition personnelle
Commissariat : Raphaël Brunel
Crédits photo : Élise Ortiou Campion

Liens viméo:
Face A
Face B
(Mot de passe sur demande)



FR

Dans le cadre de l’exposition ça te colle à la peau, Carla Adra explore une nouvelle forme d’empathie, que l’on pourrait qualifier de spatiale, en échangeant cette fois sa peau avec l’espace d’exposition Mécènes du Sud, à Montpellier. « Coller à la peau » est une expression qui signifie s’emparer de quelqu’un, l’imprégner, ne pas le quitter, quelque chose dont on ne peut ni se défaire, ni se débarrasser. Elle touche à la fois au corps et au récit d’un individu. Une odeur peut coller à la peau, tout comme un passé ou une réputation. En proposant différentes formes d’échanges et de fusions, elle donne son corps à l’histoire du lieu et donne sa propre histoire à ses murs. Leurs intérieurs et leurs récits s’intervertissent et se rencontrent alors.

Dans un paysage rougeoyant, on découvre une galerie de personnages renvoyant aux différentes fonctions du bâtiment au fil du temps que l’artiste prend soin de féminiser pour mieux (dé)jouer les stéréotypes qui y sont associés et dessiner en filigrane, non sans humour et un certain érotisme, les mécanismes d’émancipation. On y croise ainsi une cavalière style western, une bricoleuse badass aux gestes allusifs, une architecte un peu engoncée dessinant les plans d’un bateau et une chicha girl élégante fumant tranquillement sur l’embarcation une fois construite. Comme pour mieux exorciser tous ces rôles qui la traversent, toutes ces voix qui ne lui appartiennent pas, elle fait résonner dans l’espace et sur bande magnétique une chanson qui définitivement colle à la peau.

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La famille du Bureau des Pleurs, 2022

LE GRAND DÉSENVOÛTEMENT CHAPITRE 1, Palais de Tokyo, Paris
Du 9 au 18 décembre 2022

Performance, 52 histoires, 4h32,
tablettes numériques, écouteurs,
costumes : manteaux upcyclés, peinture blanche, pulls cols roulés noirs, pantalons noirs, chaussures noires

Assistante : Rebecca Guillet
Performeuses : Carla Adra, Valentine Atlan, Lucie Cecchi, Lisa Cesaro, Astrid Gallo, Caroline de Touchet
Casting : Anne Barbier
Costumière : Céline Larrauri
Graphiste : Inès Fontaine




FR

Les récits de soi et l’expérience de la réciprocité sont au cœur de la pratique de Carla Adra. Dans l’espace public ou au sein de structures spécifiques, elle recueille des paroles en échange d’une histoire, déplaçant les points d’énonciation, endossant des récits personnels comme on revêt le vêtement de l’autre, faisant résonner des mots intimes avec des expériences communes. En 2019 elle réalise le Bureau des Pleurs, une collecte de 267 histoires enregistrées dans la rue et rapportées par l’artiste à travers une mosaïque de vidéos.

Pour le Grand désenvoûtement, Carla Adra étend cette pratique au Palais de Tokyo en ménageant pendant plusieurs semaines un espace de parole dans les bureaux de l’établissement. Des salarié·es, des prestataires extérieur·es, des stagiaires et des médiateur·rices, en poste ou ayant travaillé dans le centre d’art, ont été invité·es à la rencontrer et à écouter le récit d’une expérience vécue dans l’institution. Sur le principe d’association d’idées, ces volontaires lui ont confié en retour le souvenir d’une situation d’injustice expérimentée dans la sphère professionnelle ou privée. Dans l’exposition, l’artiste et des comédiennes prêtent leur voix à la cinquantaine de récits anonymes qu’elles écoutent et partagent simultanément. Isolement, perte de sens, manque de reconnaissance, harcèlement, sentiment d’infériorité et stratégie de survie sont autant d’expériences que La famille du Bureau de Pleurs remet en circulation à l’intérieur du centre d’art, révélant des humeurs et des maux invisibles qui le traversent et l’habitent.

La famille du Bureau des Pleurs, 2022

LE GRAND DÉSENVOÛTEMENT CHAPITRE 1, Palais de Tokyo, Paris
December 9th to 18th 2022

Performance, 52 stories, 4h32,
digital tablets, earphones,
costumes : upcycled coats, white paint, black turtleneck jumpers, black trousers, black shoes

Director’s assistant : Rebecca Guillet
Performers : Carla Adra, Valentine Atlan, Lucie Cecchi, Lisa Cesaro, Astrid Gallo, Caroline de Touchet
Casting : Anne Barbier
Costume : Céline Larrauri
Graphic design : Inès Fontaine


EN

Life stories and the experience of reciprocity are at the heart of Carla Adra’s practice. In public space or within specific structures, she records words in exchange for stories, shifting the coordinates of enunciation, slipping on personal narratives like borrowed clothes, and placing intimate accounts in resonance with shared experiences. In 2019, she created the Bureau des Pleurs, a collection of 267 stories recorded in the street and transformed into a video mosaic.

For Le Grand désenvoûtement [Spiritual Healing], Carla Adra transposes her practice to the Palais de Tokyo by creating a space dedicated to spoken exchanges within the art centre’s offices. Employees, suppliers, interns and guides currently or previously employed by the Palais have been invited to meet with the artist and to listen to a story of an experience from within the institution. In exchange, following a principle of free association, volunteers confided in her a memory of an injustice they have experienced in the professional or private sphere. In the exhibition, the artist and a group of actors give voice to fifty of the anonymous stories that they listen to and share simultaneously. Isolation, loss of meaning, lack of recognition, bullying, inferiority complexes and survival strategies are just some of the experiences that La famille du Bureau des Pleurs puts back into circulation within the art centre, revealing the affects and invisible ills that underpin and inhabit it.

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L’employée du Bureau des Pleurs, 2022

Marina Abramovic Institute and Theatre Royal Carré, Amsterdam - No Intermission
Du 24 au 30 octobre 2022

Commissariat : Marina Abramovic Institute (Marina Abramovic, Paula Garcia, Thanos Argyropoulos, Serge Le Borgne, Billy Zhao

Avec : Carla Adra, Abel Azcona, Dante Buu, Yingmei Duan, Mauricio Ianês, Miles Greenberg, Maria Stamenković Herranz, Anthony Huseyin, Yiannis Pappas, Ana Prvački



FR

Pendant 6 jours consécutifs, à l’intérieur d’une loge servant initialement de vestiaire au Théâtre Royal Carré, Carla Adra a accueilli plus de 200 récits traumatiques et personnels du public et les a transformés en récits qu'elle canalise à travers son propre corps. Réceptrice de ces récits, L’employée du Bureau des Pleurs est immédiatement filmée par les participant·es elleux-même et les vidéos sont ensuite publiées sur une chaîne publique TikTok.
Le costume intitulé Plis d’amertume, une proposition de Florainte Sintès, accumule chaque jours les signatures des participant·es.

L’archive de cette performance est actuellement consultable sur la chaîne TikTok :
https://www.tiktok.com/@theofficeoftears

The employee of the Office of Tears, 2022

Marina Abramovic Institute and Theatre Royal Carré, Amsterdam - No Intermission
October 24 to 30, 2022

Curated by : Marina Abramovic Institute (Marina Abramovic, Paula Garcia, Thanos Argyropoulos, Serge Le Borgne, Billy Zhao

With : Carla Adra, Abel Azcona, Dante Buu, Yingmei Duan, Mauricio Ianês, Miles Greenberg, Maria Stamenković Herranz, Anthony Huseyin, Yiannis Pappas, Ana Prvački

EN

For 6 consecutive days, inside a dressing room at the Royal Theatre Carré, Carla Adra took in over 200 traumatic and personal stories from the audience and transformed them into narratives that she channels through her own body. As the recipient of these stories, The Crying Bureau employee is immediately filmed by the participants themselves and the videos are then posted on a public TikTok channel.
The costume entitled Folds of Bitterness, a proposal by Florainte Sintès, accumulates daily signatures from participants.

The archive of this performance is currently available on the TikTok channel:
https://www.tiktok.com/@theofficeoftears

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Paroles chaudes, 2022

La Galerie, Centre d’Art Contemporain de Noisy-le-Sec

Tissus, PVC, papier
Dimensions variables

Production : La Galerie, Centre d’Art Contemporain de Noisy-le-Sec

Images :
crédits photo : Aurélien Mole



FR

“Carla aspire les lettres comme elle les crache. Elle écrit avec sa bouche. Plongée dans des marées de substances humaines, de manifestations sonores impulsives, de langages instinctifs, de discussions imprévisibles, elle explore le langage de l’autre par le mime de la pensée. Depuis la cave, elle orchestre des phrases et des narrations in-formulées, qu’elle inscrit dans les profondeurs d’une marée de velours, brûlées par les mots qui glissent de sa bouche. Elle écrit de nouvelles vagues, remuée par le vent des paroles chaudes*. Une double présence habite tant le relief de ces récits qui ondulent que la surface trouée à travers laquelle son regard se plonge dans le mien. “

Liza Maignan


* Titre de l’exposition personnelle de Carla Adra, La Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-Le-Sec, 2022 / Roland Barthes, « L’écriture de l’événement » in Communications 12 : La prise de la parole, 1968, pp.108-112.


Exposition Paroles Chaudes, 2022
Commissariat Marc Bembekoff
La Galerie, Centre d’Art Contemporain de Noisy-le-Sec

Intitulée « Paroles chaudes », cette exposition rend compte des recherches que Carla Adra a menées pendant sa résidence à La Galerie, nourries par une collaboration étroite avec un groupe de jeunes adultes et d’encadrantes de l’Institut Médico-Éducatif Henri Wallon, ainsi que des membres de l’équipe du centre d’art. À partir d’échanges intimes et d’écriture de récits de soi, elle a réalisé avec ces personnes des « capes mentales » en velours à l’image de chacun·e d’eux·elles. En endossant ces capes de protection, comme s’il s’agissait d’une seconde peau à enfiler pour se donner confiance, Carla Adra et le groupe ont travaillé sur une manière de restituer leurs expériences et de raconter ce qu’ils·elles peuvent ressentir. Pendant une semaine, ils·elles ont investi un bureau du Centre Administratif de la Mairie de Noisy-le-Sec et ont interagi avec les agent·e·s du bâtiment, développant ainsi une expérience humaine et solidaire dans un lieu de pouvoir et de décisions administratives.

Tel un journal intime, relatant l’expérience du projet et ses interactions, Carla Adra déploie dans les sous-sols de La Galerie un ensemble de pans de tissu sur lesquels elle a pyrogravé ses mots et transféré des images. Les pages de ce livre ouvert constituent les murs d’un espace refuge, une enveloppe protectrice gravée de souvenirs. En complément, des sculptures intimistes prenant la forme de miroirs perforés — entre discours intérieur, formes souterraines et reflet de soi — épousent l’architecture du bâtiment, nous invitant à entrer dans la peau de l’autre.

EN

Titled “Paroles chaudes”, this exhibition reflects the research Carla Adra carried out during her residency at La Galerie, fuelled by a close collaboration with a group of young adults and their supervisors from the Institut Médico-Éducatif Henri Wallon, and members of the art centre’s team. Based on personal exchanges and writing self-narratives, she created “mental capes” from velvet, in the image of each of them. Putting on these protective capes, as if they were a second skin, gives them confidence: Carla Adra and the group worked on a way of recounting their experiences and what they might be feeling. During one week, they took over an office in the Administrative Centre of the City of Noisy-le-Sec, interreacting with the staff, developing a humanistic and collective experience in a place of power and administrative decisions.

Like a diary, relating the experience of the project and the connections made, in La Galerie’s basement, Carla Adra presents a group of fabric strips on which she has used pokerwork to write her words and transferred images. The pages of the open book form the wall, of a refuge, a protective envelope, engraved with memories. In addition, intimate sculptures take the form of perforated mirrors – between internal monologue, subterranean forms and self-reflections – embracing the building’s architecture and inviting us to enter the skin of the other.

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Opaque à l’extérieur, transparente à l’intérieur,
Paroles chaudes, 2022

La Galerie, Centre d’Art Contemporain de Noisy-le-Sec
Film, 1h30

Production La Galerie, Centre d’Art Contemporain de Noisy-le-Sec

Images :
crédits photo : Aurélien Mole



FR

“Dans le théâtre institutionnel du Centre Administratif de la Mairie de Noisy-le-Sec, on écoute les voix d’Aude, Awad, Carla, Farah, Florence, Nessim, Nathanaëlle, Simina, Yacine. L’architecture depuis laquelle ils et elles nous parlent est conçue de grandes fenêtres teintées de noir. Opaque de l’extérieur. Transparente de l’intérieur. Ils et elles observent l’autre, voient sans être vu·e·s. Pivotant sur leurs chaises de l’autre côté du bureau – celui depuis lequel des formes de pouvoir dominent – ils et elles rencontrent des corps inconnus, fonctionnaires de la ville. Les rôles s’inversent, créant une confusion dans le spectre social traditionnel des activités et des relations, initialement régies par la fonction bureaucratique du bâtiment. Une rencontre libre, vivante et non idéalisée crée un trouble dans le langage administré par un formulaire, une tentative de fixer des identités sur des feuilles en-têtées. Jouant avec des protocoles de l’ordinaire, ils et elles performent leurs identités afin de saisir ce qui chez l’autre pourrait-être l’écho d’eux·elles-mêmes : chacun·e se change en échangeant.”

Liza Maignan


Exposition Paroles Chaudes, 2022
Commissariat Marc Bembekoff
La Galerie, Centre d’Art Contemporain de Noisy-le-Sec

Intitulée « Paroles chaudes », cette exposition rend compte des recherches que Carla Adra a menées pendant sa résidence à La Galerie, nourries par une collaboration étroite avec un groupe de jeunes adultes et d’encadrantes de l’Institut Médico-Éducatif Henri Wallon, ainsi que des membres de l’équipe du centre d’art. À partir d’échanges intimes et d’écriture de récits de soi, elle a réalisé avec ces personnes des « capes mentales » en velours à l’image de chacun·e d’eux·elles. En endossant ces capes de protection, comme s’il s’agissait d’une seconde peau à enfiler pour se donner confiance, Carla Adra et le groupe ont travaillé sur une manière de restituer leurs expériences et de raconter ce qu’ils·elles peuvent ressentir. Pendant une semaine, ils·elles ont investi un bureau du Centre Administratif de la Mairie de Noisy-le-Sec et ont interagi avec les agent·e·s du bâtiment, développant ainsi une expérience humaine et solidaire dans un lieu de pouvoir et de décisions administratives.

Tel un journal intime, relatant l’expérience du projet et ses interactions, Carla Adra déploie dans les sous-sols de La Galerie un ensemble de pans de tissu sur lesquels elle a pyrogravé ses mots et transféré des images. Les pages de ce livre ouvert constituent les murs d’un espace refuge, une enveloppe protectrice gravée de souvenirs. En complément, des sculptures intimistes prenant la forme de miroirs perforés — entre discours intérieur, formes souterraines et reflet de soi — épousent l’architecture du bâtiment, nous invitant à entrer dans la peau de l’autre.

EN

Titled “Paroles chaudes”, this exhibition reflects the research Carla Adra carried out during her residency at La Galerie, fuelled by a close collaboration with a group of young adults and their supervisors from the Institut Médico-Éducatif Henri Wallon, and members of the art centre’s team. Based on personal exchanges and writing self-narratives, she created “mental capes” from velvet, in the image of each of them. Putting on these protective capes, as if they were a second skin, gives them confidence: Carla Adra and the group worked on a way of recounting their experiences and what they might be feeling. During one week, they took over an office in the Administrative Centre of the City of Noisy-le-Sec, interreacting with the staff, developing a humanistic and collective experience in a place of power and administrative decisions.

Like a diary, relating the experience of the project and the connections made, in La Galerie’s basement, Carla Adra presents a group of fabric strips on which she has used pokerwork to write her words and transferred images. The pages of the open book form the wall, of a refuge, a protective envelope, engraved with memories. In addition, intimate sculptures take the form of perforated mirrors – between internal monologue, subterranean forms and self-reflections – embracing the building’s architecture and inviting us to enter the skin of the other.

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Capes-mentales,
Paroles chaudes, 2022

La Galerie, Centre d’Art Contemporain de Noisy-le-Sec
Tissus, metal, pâte epoxy
120 x 70 x 200 cm

Production La Galerie, Centre d’Art Contemporain de Noisy-le-Sec

Images :
crédits photo : Aurélien Mole



FR

“En résidence à La Galerie à Noisy-Le-Sec, Carla présentait récemment l’exposition Paroles chaudes, un titre sensuel et sérieusement drôle, ou drôlement sérieux, comme tout son travail. Cette exposition est l’issue d’un travail de six mois à nouer des relations entre un groupes de jeunes adultes et d’encadrantes d’un centre médico-éducatif de Noisy et l’équipe du centre d’art. Des histoires à propos de soi ont été partagées et sont devenues des capes mentales, qui sont aussi des objets et des œuvres. Vêtu de ces capes, le groupe a partagé un peu de ce qui s’était produit pendant cette année passée ensemble, dans un bureau du centre administratif de la Mairie de Noisy. En somme, c’est un art de la relation et de la situation que déploie Adra, qui se pare au cours du processus de formes malicieuses, dérisoires ou spectaculaires, et qui rappellent les costumes Dada (réalisés par Sonia Delaunay) du Cœur à Gaz de Tristan Tzara ou ceux de la lecture de Karawane par Hugo Ball.”

Eva Barois de Caevel


Exposition Paroles Chaudes, 2022
Commissariat Marc Bembekoff
La Galerie, Centre d’Art Contemporain de Noisy-le-Sec

Intitulée « Paroles chaudes », cette exposition rend compte des recherches que Carla Adra a menées pendant sa résidence à La Galerie, nourries par une collaboration étroite avec un groupe de jeunes adultes et d’encadrantes de l’Institut Médico-Éducatif Henri Wallon, ainsi que des membres de l’équipe du centre d’art. À partir d’échanges intimes et d’écriture de récits de soi, elle a réalisé avec ces personnes des « capes mentales » en velours à l’image de chacun·e d’eux·elles. En endossant ces capes de protection, comme s’il s’agissait d’une seconde peau à enfiler pour se donner confiance, Carla Adra et le groupe ont travaillé sur une manière de restituer leurs expériences et de raconter ce qu’ils·elles peuvent ressentir. Pendant une semaine, ils·elles ont investi un bureau du Centre Administratif de la Mairie de Noisy-le-Sec et ont interagi avec les agent·e·s du bâtiment, développant ainsi une expérience humaine et solidaire dans un lieu de pouvoir et de décisions administratives.

Tel un journal intime, relatant l’expérience du projet et ses interactions, Carla Adra déploie dans les sous-sols de La Galerie un ensemble de pans de tissu sur lesquels elle a pyrogravé ses mots et transféré des images. Les pages de ce livre ouvert constituent les murs d’un espace refuge, une enveloppe protectrice gravée de souvenirs. En complément, des sculptures intimistes prenant la forme de miroirs perforés — entre discours intérieur, formes souterraines et reflet de soi — épousent l’architecture du bâtiment, nous invitant à entrer dans la peau de l’autre.

EN

Titled “Paroles chaudes”, this exhibition reflects the research Carla Adra carried out during her residency at La Galerie, fuelled by a close collaboration with a group of young adults and their supervisors from the Institut Médico-Éducatif Henri Wallon, and members of the art centre’s team. Based on personal exchanges and writing self-narratives, she created “mental capes” from velvet, in the image of each of them. Putting on these protective capes, as if they were a second skin, gives them confidence: Carla Adra and the group worked on a way of recounting their experiences and what they might be feeling. During one week, they took over an office in the Administrative Centre of the City of Noisy-le-Sec, interreacting with the staff, developing a humanistic and collective experience in a place of power and administrative decisions.

Like a diary, relating the experience of the project and the connections made, in La Galerie’s basement, Carla Adra presents a group of fabric strips on which she has used pokerwork to write her words and transferred images. The pages of the open book form the wall, of a refuge, a protective envelope, engraved with memories. In addition, intimate sculptures take the form of perforated mirrors – between internal monologue, subterranean forms and self-reflections – embracing the building’s architecture and inviting us to enter the skin of the other.

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Spectres, 2022

Installation, 7 sculptures
Laiton, Pâte epoxy

Images :
crédits photo : Aurélien Mole




FR

Intitulée « Paroles chaudes », cette exposition rend compte des recherches que Carla Adra a menées pendant sa résidence à La Galerie, nourries par une collaboration étroite avec un groupe de jeunes adultes et d’encadrantes de l’Institut Médico-Éducatif Henri Wallon, ainsi que des membres de l’équipe du centre d’art. À partir d’échanges intimes et d’écriture de récits de soi, elle a réalisé avec ces personnes des « capes mentales » en velours à l’image de chacun·e d’eux·elles. En endossant ces capes de protection, comme s’il s’agissait d’une seconde peau à enfiler pour se donner confiance, Carla Adra et le groupe ont travaillé sur une manière de restituer leurs expériences et de raconter ce qu’ils·elles peuvent ressentir. Pendant une semaine, ils·elles ont investi un bureau du Centre Administratif de la Mairie de Noisy-le-Sec et ont interagi avec les agent·e·s du bâtiment, développant ainsi une expérience humaine et solidaire dans un lieu de pouvoir et de décisions administratives.

Tel un journal intime, relatant l’expérience du projet et ses interactions, Carla Adra déploie dans les sous-sols de La Galerie un ensemble de pans de tissu sur lesquels elle a pyrogravé ses mots et transféré des images. Les pages de ce livre ouvert constituent les murs d’un espace refuge, une enveloppe protectrice gravée de souvenirs. En complément, des sculptures intimistes prenant la forme de miroirs perforés — entre discours intérieur, formes souterraines et reflet de soi — épousent l’architecture du bâtiment, nous invitant à entrer dans la peau de l’autre.

EN

Titled “Paroles chaudes”, this exhibition reflects the research Carla Adra carried out during her residency at La Galerie, fuelled by a close collaboration with a group of young adults and their supervisors from the Institut Médico-Éducatif Henri Wallon, and members of the art centre’s team. Based on personal exchanges and writing self-narratives, she created “mental capes” from velvet, in the image of each of them. Putting on these protective capes, as if they were a second skin, gives them confidence: Carla Adra and the group worked on a way of recounting their experiences and what they might be feeling. During one week, they took over an office in the Administrative Centre of the City of Noisy-le-Sec, interreacting with the staff, developing a humanistic and collective experience in a place of power and administrative decisions.

Like a diary, relating the experience of the project and the connections made, in La Galerie’s basement, Carla Adra presents a group of fabric strips on which she has used pokerwork to write her words and transferred images. The pages of the open book form the wall, of a refuge, a protective envelope, engraved with memories. In addition, intimate sculptures take the form of perforated mirrors – between internal monologue, subterranean forms and self-reflections – embracing the building’s architecture and inviting us to enter the skin of the other.

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Je suis ta fm, 2022

Performance (temps illimité)
In a ward of Fire, 2022
Setu Festival, 2022

Images :
crédits photo 1et 2: Aurélie Massa
Crédits photo 3 et et 4 : Liza Maignan



FR

Durant une longue temporalité (environ 6h), Carla Adra répète mot pour mot ce qu’elle entend à la radio. Elle devient le haut-parleur d'une radio vivante. Le public ou elle change de stations quand iels le souhaitent.

EN

I am your fm, 2022
During a long time (about 6 hours), Carla Adra repeats word for word what she hears on the radio. She becomes the speaker of a living radio. The public or she changes stations when they want.

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Halo, Les passagères, 2022

Performance, 2h
Courtesy de l’artiste



Avec Brune Amouret, Nina Bernagozzi, Inès Fontaine, Nisreen El Yagoubi, Michèle Lorent, Anna Piroska Tóth

Les temps de performance ont lieu le mercredi 12 octobre de 16h à 18h, et les samedis 15 octobre, 22 octobre et 29 octobre de 16h à 18h.

Remerciement : Rebecca Guillet



Halo, Les parleuses, 2022

Installation, dimensions variables
Sept valises, film étirable noir
Courtesy de l’artiste



Halo, Les arrières-pensées, 2022

Tableau magnétique, encre de chine, pastels gras
140 x 180 cm
Courtesy de l’artiste



FR

Halo, 2020

Sérieusement drôle ou drôlement sérieux, le travail de Carla Adra est un art de la relation et de la situation, qui prend des formes dérisoires ou spectaculaires. L’artiste part des gens, des lieux et des situations rencontrées pour créer des pièces vivantes et mouvantes, visibles et invisibles, qui incorporent et redistribuent les vécus. Pour le Salon de Montrouge, un moment transitoire dans la vie d’un.e artiste, Carla transforme le vaste espace du Beffroi en un hall d’aéroport, à travers une installation intitulée Halo, 2022 composée de sculptures, de dessins et des temps de performance.

Accompagnées de leurs bagages et de leurs récits personnels, les six performeuses arpentent les allées de l’espace d’exposition. Les valises qu’elles transportent servent de haut-parleurs aux conversations téléphoniques de leurs propriétaires lors de leur errance dans la zone d’embarquement imaginaire. Elles construisent des relations duo, où leurs “deux discours se chevauchent, se piétinent, s'interrompent l'un et l’autre, se répondent comme en écho, s’harmonisent, s’ignorent ” ( Extrait du livre Les Parleuses de Marguerite Duras et Xavière Gauthier, 1974). La pièce est le support de réflexions sur les migrations, les pertes de repères, les liens familiaux, les notions de déplacement et de transition.



EN

Halo, 2020

Seriously funny or amusingly serious, Carla Adra's work is an art of relationship and situation, which takes on mocking or spectacular forms. The artist starts from people, places and situations encountered to create living and moving pieces, visible and invisible, that incorporate and redistribute experiences. For the Salon de Montrouge, a transitory moment in the life of an artist, Carla transforms the vast space of the Belfry into an airport concourse, through an installation entitled Halo, 2022 composed of sculptures, drawings and performance time.

Accompanied by their luggage and personal stories, the six performers walk the aisles of the exhibition space. The suitcases they carry serve as loudspeakers for their owners' telephone conversations as they wander through the imaginary boarding area. They build duet relations, where their "two speeches overlap, trample each other, interrupt each other, answer each other as if in echo, harmonize, ignore each other" (Extract from the book Les Parleuses by Marguerite Duras and Xavière Gauthier, 1974). The piece is the support of reflections on migrations, loss of reference points, family ties, notions of displacement and transition.

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Les premières fois

Programmation de Carla Adra
Décembre 2021- Avril 2022
Atelier de La Galerie, Centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec



FR

Dans le cadre de son projet de résidence à La Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec, l’artiste Carla Adra programme une série d’événements dans son atelier de décembre 2021 à mars 2022. « Les premières fois » sont des soirées où des personnes sont invitées à partager une forme artistique pour la première fois.

« Je suis animée par cette excitation adolescente, cette curiosité indisciplinée de l’aventure. Elle me pousse à sortir de chez moi, à parler aux inconnu·e·s, à performer, à écrire, à filmer. Elle devient l’élan d’un processus artistique que je souhaite aujourd’hui transmettre. Alors j’invite des artistes, des enfants, ma famille, à se lancer dans l’inconnu, à prendre des risques, à exposer leurs œuvres, leurs expérimentations, dans un cadre aux angles arrondis, non-institutionnalisé, chez moi, dans l’atelier que me mets à disposition la Ville de Noisy-le-Sec dans le cadre de ma résidence à La Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec » Carla Adra

Crédit dessin : Anne Zeum





La première première fois

19 décembre 2021
Atelier de La Galerie, Centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec



FR

Pour La première première fois, douze enfants âgé·e·s de 7 à 12 ans sont invité·e·s à partager leurs sculptures, leurs dessins et leur musique :

Après avoir participé à des ateliers d’écriture et de photographie imprimée avec Carla Adra (dans le cadre de son projet avec l’association Orange Rouge) où iels ont réalisé une frise chronologique de leur vie personnelle et un workshop papier mâché avec Charles-Arthur Feuvrier, les dix élèves de la classe Ulis du collège Françoise Dolto (Paris) présenteront des sculptures en papier mâché : des objets intimes représentatifs de leurs histoires personnelles.

Lors des Portes ouvertes des ateliers d’artistes de Noisy-le-Sec (octobre 2021), les voisin·e·s de Carla Adra, Khenet Mobio et Mélinda Mobio, ont découvert dans son atelier la guitare, le chant et ont dessiné. Pour cette soirée-événement, Khenet donnera son premier concert et Mélinda exposera pour la première fois ses dessins.

Avec : Carla Adra, Luqman Baktache, François Bertho, Adama Carmara, Néné Dieng, Nesrine Farah, Charles-Arthur Feuvrier, Ilayda Hilaloglu, Dally Karaboualy, Abderrahim Mehani, Khenet Mobio, Mélinda Mobio, Youba Ombotimbe, Noémie Ristov, Anna Tissier et Damien Zheng

Crédits photo : Tom cazin



La deuxième première fois

28 janvier 2022
Atelier de La Galerie, Centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec



https://vimeo.com/681048998

FR

Pour La deuxième première fois, Carla Adra invite Jules Lagrange et Benoît Piéron.

Jules Lagrange travaille à partir des restes et des débris d’une histoire personnelle et collective, de manière consciencieuse, en utilisant des techniques anciennes. Pour la première fois, il a sculpté un ensemble de marionnettes en bois afin de créer un spectacle mettant en scène le suicide d’Anubis, protecteur des embaumeurs et gardien des portes de l’au-delà.

Benoît Piéron est un artiste qui fabrique des objets et des situations pour donner une plasticité aux maladies de compagnie avec lesquelles il cohabite depuis toujours. Il donnera pour la première fois une conférence sur l’animisme enfantin en laissant parler ses propres peluches.

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Le Club du Poisson-Lune, 2021

Exposition collective
04.11.2021 - 23.03.2022
CAPC, Bordeaux
Commissaire : Cédric Fauq


Légendes photos :

vues des boites : Aire, Carla Adra, 2017-..., Vues de l’exposition "Le Club du Poisson-Lune", CAPC, Bordeaux, 2021.

vue des tournesols : Sondes, Carla Adra, 2017-..., Vues de l’exposition "Le Club du Poisson-Lune", CAPC, Bordeaux, 2021



FR

« En 1967, au 94 rue Camille Sauvageau à Bordeaux, apparaissait le Poisson-Lune. Ce café-théâtre qui proposait de la poésie, du théâtre et des expositions était à l’initiative d’une bande d’ami·e·s artistes et poètes menée par Jean-Louis Froment qui sera à l’origine du Capc en 1973. À ce jour, il ne reste aucune archive connue de ce lieu d’expérimentation, seulement quelques mots sur internet, qui témoignent de la courte durée de vie de l’entreprise et de l’énergie déployée.

Plus de 50 ans plus tard, Le Club du Poisson-Lune ré-imagine ce lieu. Ici, la fiction et la poésie prévalent à l’exactitude historique. Faire rentrer Le Club du Poisson-Lune au Capc, c’est ouvrir une faille temporelle : c’est faire avaler son œuf à une poule.»

« Comme des bouteilles à la mer, des morceaux de bois contenant des lettres qui n’ont jamais atteint leurs destinataires sont éparpillés dans la salle. ».

Cédric Fauq
Extraits du texte d’exposition

Exposition collective avec : Carla Adra, Maurane-Amel Arbouz, Angélique Aubrit et Ludovic Beillard, Aurilian, Flo*Souad Benaddi, Maxime Bichon, Camille Benbournane, Deborah Bowmann, Camille Brée, Hugo Brillet, Elize Charcosset, Kevin Desbouis, Lyse Fournier, Esther Gatón, Kinke Kooi, James Lewis, Thiên-Ngoc Ngô-Rioufol, Samuel Nicolle, Claudia Pagès, Gina Pane, Emma Rssx, Segondurante, Haim Steinbach, Nikhil Vettukatil.

Crédits photos : Arthur Péquin

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Parce que ce serait vraiment con de rester coincée dans la répétition, 2021

Performance, 15 min
CCCOD, Tours
Public Pool #8 C-E-A / Association française des commissaires d’exposition, Madeleine Filippi, Marie Gayet, Anabelle Lacroix et Leïla Simon. Public Pool #8 est un partenariat C-E-A, devenir.art et ccc od.

L’évènement a été labellisé Nouvelles Renaissances 2021 et a bénéficié du soutien de la Drac Centre-Val de Loire.



https://vimeo.com/651684082

FR

Dans une performance qui fait de la répétition le rythme principal, je prouve comment mon corps peut devenir un lieu, un espace pour l’autre (proche du concept d’hétérotopie théorisé par Michel Foucault) tout en étant divisée par différentes temporalités, par de multiples « moi » qui se font écho au travers de mes années de vie. Cette performance est à l’image de la pratique de la psychanalyse.

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Les Chants de Gouttière, 2021

Performance, 15 min
Exposition Plantagorie
Cité Internationale de Arts de Paris




https://vimeo.com/manage/videos/686866831

FR

Les Chants de Gouttière est une performance collective qui réunit entre 2 à 5 chanteurs lyriques véhiculant leurs voix au travers de longs tubes de gouttières. De la fenêtre du 4 ème étage (studio 1443, atelier de résidence de Carla), les performeurs chantent un morceau de leurs choix dans des tuyaux reliés aux gouttières. Le son est transmis jusqu’au bas de la cour, lieu où se réunit le public.
Le morceau de musique est un chant pour le vivant, partant du ciel pour arriver à la terre. Il transmet des mots, des notes, des vibrations. Les chanteurs lyriques explorent leurs voix, parfois solo ou en duo, en offrant leur répertoire personnel au public de l’exposition.

Avec : Alexandre Adra, Graziella Roger, Abo Gabi, Julie Catherine Eggli, Anelisa Stuurman

Crédits photos : Benoît Piéron

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Plantagorie

10.06.2021-16.06.2021
Exposition collective
Organisée par Carla Adra
Cité Internationale de Arts de Paris




Légendes par ordre d’images :

Sans-titre, Carla Adra
Sans-titre, Benoît Piéron
Les Chants de Gouttières, Carla Adra
Cascade pétrifiée, Domitille Martin
Maison d’édition, Firstlaid
Dévoreurs de tropiques, Lauriane Vauthier
Domitille Martin et Jana Rippman
Manhattan papers, Baptiste Rabichon
Virus, Benoît Piéron




FR

« Plantagorie est une exposition collective qui prend corps à l’intérieur de la Cité Internationale des Arts. Telle une mauvaise herbe, elle a poussé d’elle-même. Faisant du sol la surface commune, elle réunit près de vingt-trois artistes. Elle a pris racine dans six ateliers du rez-de-chaussée et s’est propagée dans la cour extérieure jusqu’aux quais de Seine. Plantagorie est une invitation au mélange. Les artistes, initialement séparés à la fois par l’architecture et par leurs pratiques individuelles, s’engagent à faire des propositions qui prennent en compte l’espace de l’autre. Les monologues se transforment en dialectique. Sous l’influence des récits d’anticipations de Vinciane Despret et de Donna Haraway, la co-existence des œuvres est pensée comme une chorégraphie de récits qui s’entremêlent, se croisent et se traversent. À l’image de l’Arlequin, un personnage au costume constitué d’une multitude de fragments d’ouvrage, Plantagorie est une chimère à la lisière du fantastique. Les identités artistiques se brouillent et se révèlent dans celles des autres, formant un tout, comme la plante qui doit se confondre avec le monde pour exister. »

Carla Adra


Exposition collective avec : Carla Adra (performeurs : Alexandre Adra, Graziella Roger, Abo Gabi, Julie Catherine Eggli, Anelisa Stuurman), Andrés Baron, Lisa Boostani, First Laid, Nina Harper, Adam Hines-Green, Tor-Finn Malum Fitje, Domitille Martin, Leticia Martinez, Olive Nwosu, Benoit Pieron, Baptiste Rabichon, Julie Ramage, Jana Rippman, Wenke Schladitz, Katarina Sylvan, The reader, the host & le banc (Liza Maignan), Lauriane Vauthier, Mona Varichon.

Crédits photos : Benoît Piéron

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Karapoé

2020
Performance, 30 minutes
Imposture
Commissariat : Fatma Cheffi et Nora Barbier
Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne, Lyon
Interprètes drag kings : Lucasse Berleaud, Maël.le Le Hérissé-Golven



FR

Carla Adra présente un karaoké-performance en collaboration avec le duo d’artistes rémois Tyterini (Valentin Tyteca et Victor Gorini), lors duquel un choix de poèmes issus du répertoire scolaire français sont interprétés par un personnage loufoque répondant au nom de Carlos, né à l’occasion d’un atelier de dragking en décembre 2019. Carlos déclame des vers de Jacques Prévert, Jean de La Fontaine ou encore Victor Hugo, sur un fond de musique électro-kitsh composée pour l'occasion par Carla Adra. Karapoé déplace le karaoké et la poésie classique – souvent perçus comme démodés et nostalgiques – dans un registre contemporain et décalé.



EN

Karapoe
Carla Adra presents a karaoke performance in collaboration with the duo of artists from Rheims Tyterini (Valentin Tyteca and Victor Gorini), during which a selection of poems from the French school repertoire are interpreted by a silly character by the name of Carlos, born during a drag workshop in December 2019. Carlos declaims verses by Jacques Prévert, Jean de La Fontaine or Victor Hugo, on an electro-kitsh musical background composed for the occasion by Carla Adra. Karapoé moves karaoke and classical poetry - often perceived as old-fashioned and nostalgic - into a contemporary and offbeat register.

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Bronzage Lacunaire

2020



FR

Pour cette installation au Centre du Livre d’Artiste, Carla Adra fabrique des fantômes. En simulant des empreintes, l’artiste crée des trous, des manques, des absences. Ces espaces vides correspondent à une selection de la bibliothèque personnelle de l’artiste. Ils s’infiltrent dans la collection du Centre du Livre d’Artiste avec comme seul identifiant, leurs cartels.



EN

For this installation at the Centre du Livre d'Artiste, Carla Adra creates ghosts. By making traces, the artist creates holes, lacks, absences. These empty spaces correspond to a selection from the artist's personal library. They infiltrate the collection of the Centre du Livre d'Artiste with as unique identifier, their labels.

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Carte

2020
80 x 90 cm
Dessin aquarelle et encre de chine
Objet Art, Commissariart : Laurent Buffet
Publié et éditée par Le Centre du Livre d’Artiste



FR

Répertoire de mots et de dessins où les liens fabriquent du mouvement, élément central de la démarche de l’artiste. Cette carte est une mise au point et une mise en relation de plusieurs projets en cours ou à venir.



EN

A repertoire of words and drawings where links create movement, a central element of the artist's approach. This map is a focus and a linkage of several ongoing or future projects.

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Sonde (film)

2020
Performance, 25 mn
Ce qui ne tourne pas, tombe. Partenariat : Jeune Création
Espace Niemeyer, Paris
Avec le Paris Center of Cosmologie and Physics et l’ESAD de Reims, résidence coordonnée par Giuseppe Gabellone.

Performeurs et performeuses : Josette Larrauri, Solange Moreno, Safia Sfar, Djin Villanueva, Nejla Marguerie, Françoise Foubert, Christiane Demay, Alexandre Adra



https://vimeo.com/505203319 (Mot de passe sur demande)

FR

"Questionnant le temps et son caractère éminemment cyclique, sa propension à être inversé - ou plutôt renversé - Carla Adra a rencontré des chercheurs•ses du Paris Center of Cosmology and Physics pour développer Sonde, un travail sonore et performatif avec des personnes âgées de plus de 60 ans. Ces femmes, évocatrices de l’environnement féminin dans lequel Carla Adra et son frère ont grandi, supposées gardiennes d’un temps révolu, représentent pour l’artiste les prémices d’un futur proche. Influencée par la musique concrète, elle invite son frère Alexandre Adra, né en 1998 à Toronto, compositeur de musique techno expérimentale et chanteur lyrique, pour coécrire la partition d’une pièce sonore. À travers les voix des performeuses, l’artiste questionne notre rapport au temps, à l’espace et au cosmos dont l’essence peut surgir d’une constellation d’idées ou d’un bouquet de tournesols."

Leila Couradin, 2020



EN

Sonde

"Questioning time and its eminently cyclical character, its propensity to be inverted - or rather reversed - Carla Adra met with researchers from the Paris Center of Cosmology and Physics in Paris to develop Sonde, a sound and performative work with individuals over the age of 60. These women, evocative of the feminine environment in which Carla Adra and her brother grew up, supposedly guardians of a bygone era, represent for the artist the beginnings of a near future. Influenced by concrete music, she invites her brother Alexandre Adra, born in 1998 in Toronto, experimental techno music composer and lyrical singer, to co-write the score of a sound piece. Through the voices of the performers, the artist questions our relationship to time, space and the cosmos, the essence of which can emerge from a constellation of ideas or a bunch of sunflowers."

Leila Couradin, 2020



Sonde (sculpture)

2020
25 x 25 x 120 cm
Tournesols, encre de chine, métal, béton, led, piles.

Ce qui ne tourne pas, tombe.
Partenariat : Jeune Création
Espace Niemeyer, Paris
Avec le Paris Center of Cosmologie and Physics et l’ESAD de Reims, résidence coordonnée par Giuseppe Gabellone.



FR

Ces sculptures sont une ode à la mortalité de la vie. Après avoir effectué des recherches en cosmologie sur les astres morts, Carla Adra déracine des tournesols en fin de vie et les présentent, les racines vers le ciel, creusés et éclairés de l'intérieur, en hommage aux récentes découvertes sur les trous noirs, dont la fusion de deux d'entre eux pourrait être à l'origine de la molécule d'or.



EN

These sculptures are an ode to the mortality of life. After conducting cosmological research on dead stars, Carla Adra uproots sunflowers at the end of their lives and presents them, roots towards the sky, hollowed out and lit from the inside, as a tribute to the recent discoveries on black holes, the fusion of two of which could be the origin of the gold molecule.

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Systèmes

2020
Dimensions Variables
Tableaux magnétique, encre de chine, pastel gras, acier

Ce qui ne tourne pas, tombe.
Partenariat : Jeune Création
Espace Niemeyer, Paris
Avec le Paris Center of Cosmologie and Physics et l’ESAD de Reims, résidence coordonnée par Giuseppe Gabellone.

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Bouche

2020
Exposition monographique
Commissariart : Leila Couradin
Le Local, Trésor, Reims



FR

Pour le quatrième projet de son programme, le local invite l’artiste franco-canadienne Carla Adra (née en 1993) à présenter une toute nouvelle installation au Trésor, au pied de la cathédrale de Reims. Bouche est une exposition dans laquelle les visiteurs•euses découvrent un espace intime au coeur de la vie culturelle rémoise. Ville « refuge » qu’elle a quittée puis retrouvée, Reims a une importance primordiale pour Carla Adra qui y a mené ses premières recherches à l’ESAD de Reims, ses premières collaborations, ses premiers projets artistiques d’envergure (elle est Lauréate du Prix Prisme en 2017). Elle y est aujourd’hui invitée pour une exposition monographique très personnelle où elle se livre, ouvrant la porte – ou serait-ce la bouche – d’un espace hybride souterrain renversant.

Faisant de la notion d’identité un concept complexe et mouvant, Carla Adra se fantasme comme venant « d’ailleurs » et se rêve « autre ». L’installation vidéo Bureau des pleurs, présentée à la biennale de Lyon en 2019, relève notamment, usant d’une forme d’empathie totale, de tentatives toujours renouvelées de devenir « l’autre », de faire corps avec lui, de s’approprier son enveloppe et ses souvenirs les plus intimes. Mue par un désir tant charnel qu’intellectuel, Carla Adra déplace, contourne, affine ou enjambe la frontière quasi poreuse entre elle-même et celui ou celle qu’elle rencontre, produisant un vertige saisissant : et si la fusion devenait parfaite ? Comment faire alors la différence entre soi et l’autre ? Non sans érotisme, l’artiste pose dans son travail la question psychanalytique aussi inquiétante qu’excitante de la potentielle disparition d’un être dans l’autre.

Les lettres qu’elle écrit puis scelle dans le bois (Aire, 2017), adressées à l’autre autant qu’à elle-même, comme les témoignages anonymes qu’elle recueille auprès d’inconnu•e•s (Bureau des pleurs, 2019) dans la rue ou d’enfants lors de performances (Ailes, 2019), dévoilent son rapport à la forme la plus directe de récit, sans détours, sans artifices, sans témoins ni (auto)censure. Peut-on tout dire et à qui ? Comment dépasser les conventions liées aux interactions sociales établies dans l’espace public – théorisées par Erving Goffman notamment – en demandant à l’autre de se livrer, ici, maintenant, avec une sincérité radicale ?

Carla Adra prend la parole en premier, se fait Pythie contemporaine, oracle d’un temple fictif, donnant le la d’une conversation intime bien souvent libératrice. Si elle travaille seule, son introspection devient pourtant collective. A chaque nouvelle pièce tout est à réinventer ; c’est aussi vertigineux que grisant. L’attention particulière que Carla Adra porte au réel et à son potentiel narratif incommensurable relève de la performance que l’artiste qualifie de « pure ». Elle observe le monde en attendant qu’il se passe quelque chose, à l’affut, prête à en capturer l’essence poétique (Collection de vidéos, 2015-2020). Il s’agit pour elle d’extraire une situation chargée d’une invisible beauté, pour la transformer en performance, texte, vidéo ou image. Présentées ensemble dans l’installation in situ Bouche, les oeuvres de ce corpus sensible produisent à leur tour un méta-récit, qui pourrait être chuchoté, à la lumière d’une bougie, dans une grotte.



EN

For the fourth project in its program, the local invited the French-Canadian artist Carla Adra (born in 1993) to present a brand new installation at the Trésor, at the foot of the Reims Cathedral. Bouche is an exhibition in which visitors discover an intimate space at the heart of the cultural life of Reims.

Turning the notion of identity into a complex and moving concept, Carla Adra fantasizes as coming from "elsewhere" and dreams of herself as "other". The video installation Bureau des pleurs, presented at the Lyon Biennale in 2019, is a form of total empathy, of constantly renewed attempts to become "the other", to become one with him, to appropriate its envelope and its most intimate memories. Driven by a desire both carnal and intellectual, Carla Adra moves, circumvents, refines or straddles the almost porous boundary between herself and the person she meets, producing a striking vertigo: what if the fusion became perfect? How then can one tell the difference between oneself and the other? Not without eroticism, the artist poses in her work the psychoanalytical question, as disturbing as it is exciting, of the potential disappearance of a being in the other.

The letters she writes and then seals in wood (Aire, 2017), addressed to the other as much as to herself, as well as the anonymous testimonies she collects from strangers (Bureau des pleurs, 2019) in the street or from children during performances (Ailes, 2019), reveal her relationship to the most direct form of narrative, without detours, without artifice, without witnesses or (self)censorship. Can we tell everything and to whom? How can we go beyond the conventions related to social interactions established in the public space - theorized by Erving Goffman in particular - by asking the other to surrender, here, now, with radical sincerity?

Carla Adra speaks first, becoming contemporary Pythia, oracle of a fictitious temple, setting the tone for an intimate conversation that is often liberating. Although she works alone, her introspection nevertheless becomes collective. With each new piece, everything has to be reinvented; it is as dizzying as it is exhilarating. Carla Adra's particular attention to reality and its immeasurable narrative potential is the result of a performance that the artist describes as "pure". She observes the world while waiting for something to happen, on the lookout, ready to capture its poetic essence (Collection de vidéos, 2015-2020). For her, it is a matter of extracting a situation charged with invisible beauty, to transform it into a performance, text, video or image. Presented together in the in situ installation Bouche, the works from this sensitive corpus in turn produce a meta-narrative, which could be whispered, by candlelight, in a cave.

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Parce que je sais que le temps restera le temps et que cet endroit restera cet endroit

2017
En collaboration avec Fauve Tintignier
Techniques mixtes
Camac, Marnay-sur-Seine



FR

Suite à leurs recherches sur l’ikebana, l’art traditionnel floral japonais, les artistes Fauve Tintignier et Carla Adra s’imprègnent de l’environnement. Elle tisse à deux, avec intuition et dialogue et se rencontrent en échangeant des matériaux trouvés, des plantes, des objets qui les lient. Elle fabriquent, l’une après l’autre, des formes fragiles, éphémères et tangibles.



EN

Following their research on ikebana, the traditional Japanese floral art, the artists Fauve Tintignier and Carla Adra immerse themselves in the environment. They weave together, with intuition and dialogue, and meet by exchanging found materials, plants and objects that bind them. One after the other, they make fragile, ephemeral and tangible forms.

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Rapport

2018-2019
Résidence de médiation
au Frac Champagne-Ardenne
avec les collèges Paul Fort,
Sacré Coeur et Trois Fontaines
de Reims.



FR

Les microcosmes institutionnels, tel que les collèges Trois Fontaines, Paul-Fort et Sacré-Cœur sont amenés à établir un dialogue par le biais des élèves. Ces derniers entrent en correspondance les uns avec les autres, s’écrivant des messages, dissimulés dans des objets qui rappellent les combines imaginées par les prisonniers. Au fur et à mesure, ce ne sont plus les lieux qui se rencontrent mais les singularités des différents individus. Proche d’une esthétique de marché de rue, l’installation que propose Carla Adra intervient dans les notions d’intérieur et d’extérieur présentes à la fois dans les objets servant de contenants et de contenus, dans cet espace aux qualités urbaines industrielle et dans les déplacements imposés aux objets. L’artiste se positionne comme un pont entre ces trois territoires géographiques et s’intéresse aux frontières spatiales et sociales inhérentes à ces différents établissements.



EN

Report
Institutional microcosms, such as the Trois Fontaines, Paul-Fort and Sacré-Coeur Secondary Schools, are brought to establish a dialogue among the students. The latter enter into correspondence with each other, writing messages to each other by hiding them in objects that recall the schemes imagined by the prisoners.Gradually, it is no longer the schools that meet but the uniqueness of the different individuals.
Close to a street market aesthetic, the installation proposed by Carla Adra intervenes in the notions of interior and exterior present both in the objects serving as containers and contents and in the movements imposed on the objects. The artist positions herself as a bridge between these three geographical territories and is interested in the spatial and social boundaries inherent to these different institutions.

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Ailes, 2019

Performance / 5 performeurs (enfants)
Boucliers (résine, journaux intimes, papiers A4)
Frac Champagne-Ardenne.



FR

Carla Adra a fabriqué des boucliers à partir de ses pages de carnets intimes, où l’écriture était une ossature. Utilisés lors de la performance, ils propulsent les enfants dans une autre temporalité. Agissant comme des chevaliers, les cinq petites filles se protègent d’une attaque de boulettes de papiers provenant de l’autre côté du mur. Dans ces boulettes se cachent des messages, des phrases, écrites par deux adolescents lors d’un atelier d’écriture sur la honte, les peurs, les sentiments cachés. En réceptionnant les papiers, les enfants décident d’ouvrir et de répondre aux adolescents.



EN

Wings
Carla Adra made shields from her diary pages, where the writing was a skeleton. Used during the performance, they take the children into another temporality.Acting like knights, the five little girls protect themselves from an attack of paper pellets coming from the other side of the wall. In these balls are hidden messages, sentences, written by two teenagers during a writing workshop on shame, fears, and hidden feelings. When the children receive the papers, they decide to open them and answer the teenagers.

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Les Vagues, 2019

Adaptation du roman Les Vagues de Virginia Woolf
En collaboration avec Ouassila Arras

- Festival Reims Scènes d’Europe, Comédie de Reims.
- Colloque Recycling Woolf, Université de Lorraine.



FR

Sculpture activée par une lecture du roman Les Vagues de Virginia Woolf.
Suite à la lecture bouleversante du roman Les Vagues de Virginia Woolf, Carla Adra a fabriqué une voile à partir de tissus chirurgicaux soulignant l’empathie qu’elle a éprouvée lors de la lecture de ce livre où Virginia Woolf transforme l’angoisse en beauté. Cette installation devient le matériau d’un film qui a été réalisé sur le site d'un chantier SNCF. Il a donné lieu à une pièce de théâtre et une conférence performée.

Performeuses : Ouassila Arras et Carla Adra



EN

The Waves

Sculpture activated by a reading of the novel The Waves by Virginia Woolf.

Following the poignant reading of Virginia Woolf's novel The Waves, Carla Adra made a sail out of surgical tissue, underlining the empathy she felt while reading this book where Virginia Woolf transforms anguish into beauty.This installation becomes the material for a film that was made on the site of an SNCF construction site. Then, a play and a performed lecture took the installation on stage.

Performers : Ouassila Arras and Carla Adra

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Attendre que quelqu'un appelle, 2018

Performance
80 photographies, 26 performeurs
Fondation d’Entreprise Ricard, Paris.



FR

Chacun des visiteurs présents à la performance reçoit une photographie indiquant un rendez-vous téléphonique à ne pas manquer. À une date et à un horaire précis, il sait que quelqu’un attendra son appel. Carla Adra fabrique un moment d’échange entre deux inconnus, sans s’immiscer dans leur conversation.



EN

Waiting for someone to call
Each of the visitors present at the performance receives a photograph indicating a telephone appointment not to be missed. At a specific date and time, he knows that someone will be waiting for his call. Carla Adra creates a moment of exchange between two strangers, without interfering in their conversation.

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Aire (performance), 2017

DNSEP
Performance et sculpture
Parquet grinçant, 5 performeurs.



FR

A l’origine de Aire, une marche méditative pratiquée par Carla Adra dans un temple bouddhiste.
Les joueurs de parquet réveillent le sol en le faisant chanter. Ils sont comme des musiciens où l’instrument joué est le sol qu’ils ont en commun. Pendant cette performance, ils sont à l’écoute de leur propre corps et de celui des autres. Tout comme les 11 sculptures Lettres qui sont dissimulées dans le parquet, ils entrent en conversation à travers le sol.
Cette pratique a été de développée au sein d’un atelier dans le but de créer un climat apaisant et fédérant pour les étudiants.

Joueurs de parquet : Thomas Schmahl, Valentin Tyteca, Léa Barrachina, Victor Gorini, Agathe Boyer.



EN

Area (Concert of floor creaking)
The origin of Aire, a meditative walk practiced by Carla Adra in a Buddhist temple.
The floor players wake up the floor by making it sing. They are like musicians where the instrument played is the floor they have in common. During this performance, they listen to their own bodies and those of others. Just like the 11 letter-sculptures that are hidden in the floor, they enter into conversation through the ground.
This practice was developed in a workshop in order to create a soothing and unifying atmosphere for the student performers.

Parquet players: Thomas Schmahl, Valentin Tyteca, Léa Barrachina, Victor Gorini, Agathe Boyer.



Aire (sculpture), 2017 -> En cours

Bois, Lettres manuscrites, Ruban adhésif.



FR

Carla Adra enroule et enferme des lettres adressées à ses proches dans des boîtes qu'elle a sculptées à partir de chutes de bois manufacturées. Ces dernières deviennent des cachettes pour des écrits inconsciemment destinés à elle-même. Leur forme télescopique est inspirée par la prêle, plante rencontrée au détour d'une promenade au bord de la rivière de l'Essonne. Ces boîtes, une fois installées dans un espace d’exposition, s’adressent indirectement les unes aux autres.



EN

The letter is the key
Carla Adra wraps and encloses letters addressed to her loved ones in boxes she has carved from manufactured wood scraps. These become hiding places for writings that were unconsciously intended for herself. Their telescopic shape is inspired by horsetail, a plant encountered on a walk along the Essonne River. These boxes, once installed in an exhibition space, address each other indirectly.



Aire II (performance), 2017

Performance et sculpture
Fauteuils grinçants, 5 performeurs

Exposition « V », Prix Prisme
Carla Adra est lauréate du prix prisme 2017.



FR

En suivant le même processus que pour Aire, une chorégraphie est développée au gré des grincements de fauteuils situés dans la grande salle de la Comédie de Reims.
Les 11 Boîtes sont disposées au sol, à la place de certains fauteuils qui ont été retirés spécialement pour laisser place à ces sculptures. Les sièges manquants, symbolisant l’absence, sont remplacés par des lettres adressées aux proches de Carla Adra.

Joueurs de fauteuils: Thomas Schmahl, Valentin Tyteca, Léa Barrachina, Victor Gorini, Agathe Boyer, Pauline Jocteur Monrozier.



EN

Area II Armchair squeaking concert)
Following the same process as for Aire 01, a choreography is developed according to the creaking of the armchairs located in the large hall of the theatre Comédie de Reims.
The 11 Boxes are placed on the floor, in replacement of selected armchairs that have been removed especially to make room for these sculptures. The missing seats, symbolizing absence, are replaced by letters addressed to Carla Adra's relatives.

Armchair players: Thomas Schmahl, Valentin Tyteca, Léa Barrachina, Victor Gorini, Agathe Boyer, Pauline Jocteur Monrozier.

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Carla's Pain Perdu, 2017

Micro Self Residency,
at Calle del Forio,
a project run by Francesco Nordio,
Venise.



FR

Le premier soir à Venise, un inconnu m’a invitée à manger chez lui. Cette expérience m’a donné envie d’inviter chaque jour deux inconnus à venir partager du pain perdu au fond d’une galerie (anciennement une boulangerie).
Je récoltais du vieux pain chez les restaurateurs, je préparais le pain perdu dans ma cuisine et l’apportais tous les jours à l’heure du rendez-vous . Pendant la rencontre, je restais à l’extérieur et accueillais d'autres visiteurs en les informant du projet en cours et en leur proposant de prendre un rendez-vous ultérieurement. Ainsi, le restaurant clandestin affichait complet chaque soir.



EN

On my first night in Venice, a stranger invited me to eat at his home. This experience made me want to invite two strangers every day to come and share some French toast at the back of a gallery (formerly a bakery).
I collected old bread from restaurants, prepared French toast in my kitchen and brought it every day at the time of the rendezvous. During the gathering, I would stay outside and welcome other visitors, informing them of the project in progress and suggesting that they make an appointment at a later date. Thus, the clandestine restaurant was full every evening.

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Jardin Brulé, 2016

Sculpture et Installation
Photographie, édition.



FR

Cette installation est une rencontre entre deux livres : Gel de Thomas Bernhard, et Vivre de Paysage ou l’Impensé de la Raison de François Jullien.
Jardin brulé est une installation évoquant un parcours, une marche, une récolte. À partir de plantes déracinées et d’objets trouvés sur son chemin, Carla Adra donne à voir une nature inquiétante dans l’espace d’exposition. Les trous d’anciens clous accueillent les coquelicots fanés et des débris de verre épousent les gouttes de pluie sur les vitres des fenêtres.



EN

Burnt garden
This installation is an encounter between two books: Gel by Thomas Bernhard, and Vivre de Paysage ou l'Impensé de la Raison by François Jullien.
Burnt garden is an installation evoking a journey, a walk, a harvest. Using uprooted plants and objects found along the way, Carla Adra shows a disturbing nature in the exhibition space. The holes of old nails welcome faded poppies, and broken glass marries the raindrops on the window panes.

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De l'insulte au miracle, 2016

En collaboration avec Adèle Gratacos
Video 33’
Stromboli, Sicile.



FR

Sur les pas de Rossellini nous partons un mois au Stromboli dans l'espoir d'y faire un film. À deux, sur une île, nous écoutons Marguerite Duras et Barbara, nous parlons d'amour, de désir et de fusion entre deux êtres. Nous écrivons sur le soleil et sur sa lente brûlure spasmodique. Nous parlons des astres, du volcan, et de la mer.
Nous réalisons une performance filmée. Je cours et elle filme. Elle devient mon centre de gravité. Grâce à elle je tourne. Comme la lune tourne autour du soleil, je tourne autour d'Adèle. Je m'épuise. C'est cet épuisement auquel on assiste, avec ce bruit haletant de la respiration et ce regard qui tient, qui reste fixe, hypnotique.



EN

From Insult to Miracle
In Rossellini's footsteps, we're going to the Stromboli for a month in the hope of making a film there. Together, on an island, we listen to Marguerite Duras and Barbara, we talk about love, desire and fusion between two beings. We write about the sun and its slow spasmodic burning. We talk about the stars, the volcano, and the sea.
We make a filmed performance. I run and she films. She becomes my center of gravity. Thanks to her I turn. As the moon revolves around the sun, I revolve around Adele. I get exhausted. It is this exhaustion that we witness, with this panting sound of breathing and this gaze that holds, that remains fixed, hypnotic.

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Atelier Cœur, 2016-2017

ESAD de Reims.



FR

Au commencement de ma cinquième année d’études à L’ESAD de Reims, j’ai mis en place un atelier hebdomadaire pour les étudiants afin de vivre une expérience artistique individuelle au sein d’un groupe. Développer un travail artistique demande une pratique solitaire et profonde, c’est pour cela qu’il me semble nécessaire d’avoir la possibilité de se retrouver dans un espace commun qui prend en compte cet investissement personnel. Une quinzaine d’étudiants de la première à la cinquième année et de toutes disciplines (art, design et graphisme) ont rejoint l’atelier toute l’année.
Au travers d’exercices performatifs alliant le corps et le langage, tels que l’écriture, le geste décomposé, la prise de parole, l’écoute du silence, l’acceptation du regard de l’autre, nous créons des moments de rencontres et d’échanges. Nous investissons les liens et les tensions au centre de nos relations afin de révéler nos différences et nos identités propre.

Ce travail questionne le rôle de l’institution. Comment faire école ? Comment les étudiants peuvent-ils transmettre leurs expériences ? Comment peuvent-ils s’entraider ? Comment investir cet espace institutionnel, artistique et social ?



EN

Heart Workshop

At the beginning of my fifth year of studies at ESAD in Reims, I set up a weekly workshop for students to live an individual artistic experience within a group. Developing an artistic work requires a solitary and deep practice, which is why I feel it is necessary to have the opportunity to meet in a common space that takes into account this personal investment. About fifteen students from the first to the fifth year and from all disciplines (art, design and graphic design) joined the workshop throughout the year.
Through performative exercises combining the body and language, such as writing, decomposed gesture, speaking, listening to silence, accepting the gaze of the other, we created moments of encounters and exchanges. We invested the links and tensions at the center of our relationships in order to reveal our differences and our own identities.

This work questions the role of the institution. How to make school? How can students transmit their experiences? How can they help each other? How to invest this institutional, artistic and social space?

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Chers amis (Workshops Sauvages)

Série de moments de vie commune consacrés à l'expérience artistique.
Durée : Une semaine
Organisé par William Jay et Carla Adra



FR

Après avoir expérimenté les méthodes d'apprentissage alternatives dans une école Montessori au Mexique, Carla Adra a décidé de projeter ces enseignements dans des workshops destinés à des étudiants en art. Dans une maison à la campagne en été, ils se rencontrent et expérimentent d’autres modes de vie et de communication au travers d'exercices performatifs inspirés des méthodes d'intelligence collective et créative. Ces workshops ont donné lieu à la publication d’Artist Run Spaces, around and about - 2012-2015-2017, Rozenn Canevet, Les presses du réel, 2019 et à une discussion à la Fondation Ricard à écouter sur France Culture https://www.franceculture.fr/conferences/fondation-dentreprise-ricard/lancement-de-ledition-artist-run-spaces-around-and-about-2012-2015-2017

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Aucun mur n'est blindé, 2019

Dessin mural
4m x 6m
Encre de chine, aquarelle, photographies.
En Bas
Commissariat : Fatma Cheffi
Réfectoire des Nonnes,
ENSBA, Lyon.



FR

La photographie d’un trou béant dans un mur est placardée par Carla Adra dans différents endroits de Lyon, signalant à chaque fois un espace perdu ou oublié dans l’architecture et le mobilier urbain. La même image est adaptée aux différents formats produits par les espaces vides de la ville. Cette action est documentée à travers un dessin minimal et personnel dans l’espace d’exposition.



EN

No wall is secure
The photograph of a giant hole in a wall is installed by Carla Adra in different places in Lyon, each time pointing out a lost or forgotten space in architecture and urban furniture. The same image is adapted to the different formats produced by the empty spaces of the city. This action is reflected in a minimal and personal drawing in the exhibition space.

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Accès, 2019.

Sculpture
Aluminium, acier
Dimension variable
En Bas
Commissariat : Fatma Cheffi
Réfectoire des Nonnes,
ENSBA, Lyon.



FR

Ces sculptures sont une rencontre entre la plaque d’égout et la semelle de chaussures, deux objets aux motifs similaires. Et si la semelle pouvait s’encastrer dans les plaques d’égouts et ouvrir les tréfonds du sol ? Ce point de contact entre le corps et le sol est l’objet d’une recherche menée depuis la performance Aire (2017).



EN

Access
These sculptures are an encounter between the manhole cover and the sole of shoes, two objects with similar patterns. What if the sole could fit into the manhole covers and open up the depths of the ground? This point of contact between the body and the ground is the subject of research conducted since the performance Aire (2017).

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s



Bureau des pleurs*, 2019.

Installation
Interface en consultation,
300 vidéos webcam
300 CD gravés, colle
Performance Un Dossier du Bureau des Pleurs, 45 mn.
15è Biennale de Lyon,
Anciennes Usines Fagor Brandt.



www.bureaudespleurs.org

FR

Carla Adra s’est entretenue au cours de l’été 2019 à Lyon avec plus de 300 personnes rencontrées dans l’espace public. Chacune d’entre elles a accepté de lui livrer le récit personnel d’une injustice vécue, passée ou récente : des récits parfois anecdotiques, parfois drôles ou parfois tragiques, de vies transformées, quelquefois définitivement abîmées. Les enregistrements de ces récits sont gravés sur des CD définitivement scellés et désormais inaccessibles dans l’installation. Ils garantissent l’anonymat des personnes, tandis que Carla Adra les représente devant une webcam, telle une traductrice simultanée transmettant à travers sa voix ces récits mot à mot, endossant leurs rythmes, leurs accents, leurs brisures.

François Piron

*Le Bureau des Pleurs (porté par Carla Adra, Romain Bobichon, Fatma Cheffi, Sophie T. Lvoff, Lou Masduraud, Irène Mélix et Maha Yammine, en collaboration avec François Piron, coordinateur du post-diplôme de l’ENSBA Lyon où se sont connus ces artistes), avec son slogan « we know the future of this place », investit un ancien bureau des usines Fagor. À l’aide d’indices de l’activité récente du site, il projette dans un futur potentiel où de nouvelles fonctionnalités poétiques et politiques commencent à se dessiner.



EN

Alone on the island of Phillipe Quesne, Carla Adra interprets a piece of the Bureau des Pleurs files, which is a contribution to the collective installation presented at the Lyon Biennale of contemporary arts within the industrial Fagor site. Carla Adra met with more than 300 people during summer 2019 whom she met in public space. Each of them shared with her a story of injustice they personally experienced back in the past or more recently : some narratives are more trivial while others may be funny or tragic, with changed lives and sometimes definitely broken destinies. The recordings of these stories are burned on individual CD’s that are sealed and non accessible in the installation. This process ensures anonymity, while Carla Adra interprets each person’s story in front of a webcam as a simultaneous translator with her voice that repeats word by word what the person said, taking into account their rhythms, their accents and their failures.

François Piron

*Le Bureau des Pleurs (worn by Carla Adra, Romain Bobichon, Fatma Cheffi, Sophie T. Lvoff, Lou Masduraud, Irène Mélix and Maha Yammine, in collaboration with François Piron, post-graduate coordinator at ENSBA Lyon, where these artists met), with its slogan "we know the future of this place", has moved into a former Fagowr factory office. Using clues from the site's recent activity, he projects into a potential future where new poetic and political features begin to take shape.

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Un dossier du bureau des pleurs, 2019

Performance, 35 mn
15ème Biennale de Lyon,
Anciennes Usines Fagor Brandt



FR

"Seule sur l’île de Philippe Quesne, Carla Adra interprète un fragment des dossiers du bureau des pleurs, sa contribution au sein de l’installation collective éponyme visible au sein de la biennale dans l’usine Fagor. Carla Adra s’est entretenue au cours de l’été 2019 à Lyon avec plus de 300 personnes rencontrées dans l’espace public. Chacune d’entre elles a accepté de lui livrer le récit personnel d’une injustice vécue, passée ou récente : des récits parfois anecdotiques, parfois drôles ou parfois tragiques, de vies transformées, quelquefois définitivement abîmées. Les enregistrements de ces récits sont gravés sur des CD définitivement scellés et désormais inaccessibles dans l’installation. Ils garantissent l’anonymat des personnes, tandis que Carla Adra les représente devant une webcam, telle une traductrice simultanée transmettant à travers sa voix ces récits mot à mot, endossant leurs rythmes, leurs accents, leurs brisures. En reproduisant le même dispositif sur scène et en public, Carla Adra réouvre le cercle de ces paroles intimes. »

François Piron



EN

"Alone on the island of Phillipe Quesne, Carla Adra interprets a piece of the Bureau des Pleurs files, which is a contribution to the collective installation presented at the Lyon Biennale of contemporary arts within the industrial Fagor site. Carla Adra met with more than 300 people during summer 2019 whom she met in public space. Each of them shared with her a story of injustice they personally experienced back in the past or more recently : some narratives are more trivial while others may be funny or tragic, with changed lives and sometimes definitely broken destinies. The recordings of these stories are burned on individual CD’s that are sealed and non accessible in the installation. This process ensures anonymity, while Carla Adra interprets each person’s story in front of a webcam as a simultaneous translator with her voice that repeats word by word what the person said, taking into account their rhythms, their accents and their failures. By reanacting the same device on stage in front of a public, Carla Adra reopens this circle of intimacy.»

François Piron


Crédits photo : Mathis Durand

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Ma robe était de la même couleur que les murs de la cafétéria, 2016

Matériaux mixtes
Franchet d’Esperey, Reims.



FR

Ma robe était de la même couleur que les murs de la cafétériaest le premier projet où Carla Adra manifeste son engagement au croisement de la sculpture, de l'architecture et de l'expérience sociale qui en résulte. Elle utilise la cafétéria de l’école comme un lieu d’atelier et d’exposition pour fondre son installation dans un lieu de sociabilité pour les étudiants.



EN

My dress was of the same color as the walls of the cafeteria.
My dress was of the same color as the walls of the cafeteria is the first project where Carla Adra demonstrates her commitment to the intersection of sculpture, architecture and the resulting social experience. She uses the school cafeteria as a place for workshops and exhibitions to blend her installation into a place of sociability for the students.

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Feuilleton, 2017 > En cours
Série Vidéo

Carla Adra développe une série vidéo, une collection de vidéos bruts, sans montage. Filmés à la main, spontanément, trouvés au gré de ses voyages et rencontres, ces moments surgissent dans sa vie. Ils témoignent de rencontres intenses entre un sujet, un lieu et elle-même. Tel une anthropologue, sa présence est retenue dans l’espoir de donner place au sujet filmé.